Une semaine plus tard, Lucas Condotta toujours honoré d’être le capitaine du Rocket

LAVAL — Dans sa carrière d’entraîneur au hockey, Pascal Vincent a déjà vu un joueur refuser le titre de capitaine qu’on venait de lui proposer. Un tel scénario n’est pas venu près de se répéter chez le Rocket de Laval avec Lucas Condotta.

Une semaine après la sélection de Condotta, Vincent a été invité, jeudi matin, à expliquer en profondeur le processus qui a mené à sa décision. Et c’est là qu’il a raconté l’anecdote qui, au premier abord, peut surprendre.

Vincent l’a fait en évitant de donner trop de détails, notamment le nom du joueur ou l’équipe en question. Il n’a même pas voulu identifier l’année de l’anecdote.

«(Le joueur) a dit ‘je ne veux pas cette responsabilité-là. J’apprécie l’honneur, mais je ne veux pas l’avoir’», a relaté Vincent, tout en résistant aux demandes pressantes de journalistes qui l’entouraient de dévoiler plus d’informations en lien avec cette histoire.

«C’est l’une des raisons pourquoi on voulait le nommer capitaine. Parce qu’il est vraiment honnête envers lui-même. Dans le fond, c’était un capitaine sans porter le ‘C’. Il a dit ‘je n’ai pas besoin de ça pour être un leader. Donne-le à un autre et je vais aider le capitaine’», a ajouté Vincent, tout en précisant que le joueur en question n’arborait même pas la lettre ‘A’.

Dans le cas de Condotta, la réponse — positive — n’a pas tardé, bien que Vincent ait un peu insisté pour que l’attaquant ontarien se donne une journée pour y réfléchir.

Condotta, qui remplace Gabriel Bourque dans ce rôle, était encore visiblement honoré lorsqu’il a été abordé à ce sujet jeudi midi, après la séance d’entraînement hors glace du Rocket à la Place Bell.

En fait, il a reconnu que c’est une fonction qui l’attirait quand il a réalisé qu’elle pourrait être disponible.

«Avec la saison qui approchait, je savais que ‘Bourky’ était parti. J’ai porté un ‘A’ l’année dernière et je sentais que j’étais prêt à prendre la relève à titre de capitaine. Mais vous ne savez pas jusqu’à ce que le camp commence. Il y a plein de nouveaux joueurs, de nouveaux éléments. Bien sûr, je suis ici depuis plus longtemps que plusieurs», a d’abord mentionné Condotta.

«J’étais tellement heureux quand Pascal m’a dit que c’était la direction que l’équipe empruntait. C’est certain que je suis très reconnaissant. C’est un grand honneur.»

Avant de décider que Condotta serait son homme, Vincent aurait pu revêtir l’imperméable de Columbo ou le couvre-chef de Sherlock Holmes, tellement il s’est lancé dans une sorte de mini enquête.

«J’ai posé beaucoup de questions à beaucoup de gens depuis la première journée où je suis arrivé. J’ai parlé aux gars d’équipement, j’ai parlé au personnel médical, j’ai parlé aux assistants-entraîneurs, j’ai parlé à des gens qui étaient ici dans le passé, j’ai parlé à certains joueurs, j’ai parlé aux gens du Canadien qui connaissaient bien l’ensemble de l’équipe. Il y a un nom qui revenait tout le temps; c’était lui», a énuméré Vincent, qui dit aimer annoncer une «belle nouvelle» de ce genre.

Selon Vincent, la maturité de Condotta est l’un des éléments de sa personnalité qui a le plus ressorti parmi tous les commentaires qu’il a entendus. Ça et le fait qu’il semble être à l’écoute de ses coéquipiers.

«C’est un gars qui est très inclusif, donc, qui amène les gens, et je ne parle pas seulement sur la glace. C’est quelqu’un qui est porté à aider les gens», a souligné l’entraîneur-chef du Rocket, avant de parler de son éthique de travail et de son souci des détails.

Aussi, le fait que Condotta avait déjà été un capitaine, d’abord dans la Ligue de hockey junior de l’Ontario (OJHL) puis au niveau universitaire américain, avait également beaucoup pesé dans la balance.

«On a des gens qui ont parlé à ses anciens instructeurs, et les gars m’ont dit qu’il est le meilleur capitaine qu’ils ont eu dans leur vie. Il y a un paquet de facteurs qui faisaient en sorte que c’était lui, et que c’était vraiment très évident que c’était lui.»

Il ne restait plus à Vincent qu’à s’asseoir avec Condotta et lui offrir la fonction. Il l’a fait en l’abordant avec une question.

«La première question que je lui ai posée c’est ‘si je voulais te nommer capitaine, pourquoi je te nommerais capitaine?’ Et tout ce que je viens de dire, il a dit exactement les mêmes choses. Il se connaît très, très bien comme personne», a mentionné Vincent.

«À partir de là, on s’est assis. Je lui ai dit, ‘si tu veux l’avoir, penses-y. Si demain tu acceptes le rôle, tu l’acceptes’», a aussi raconté Vincent.

«Il connaît déjà le rôle assez bien. Je n’ai pas besoin de lui en mettre un peu plus sur les épaules», a ajouté Vincent.

Condotta considère que dans son rôle de capitaine, il dont montrer l’exemple et toujours être celui qui travaille avec le plus d’ardeur.

«Rendre vos coéquipiers meilleurs, d’une certaine manière; je pense que c’est ce que font les bons capitaines.»

Condotta dit ne pas avoir de modèle de capitaine, bien qu’il précise qu’il y a un ancien joueur envers lequel il voue beaucoup de respect.

«Je suis suffisamment chanceux de connaître Darcy Tucker, sa façon d’approcher les matchs», a confié Condotta.

Et comment les deux hommes ont-ils fait connaissance?

«C’est une longue histoire, mais en fait, il est le père de mon épouse. Il est fantastique.»