Le PLQ demande à nouveau un directeur parlementaire du budget
MONTRÉAL — À l’aube d’une nouvelle mise à jour économique, l’opposition libérale réclame à nouveau au gouvernement du Québec l’institution d’un directeur parlementaire du budget (DPB). Le porte-parole de l’opposition en matière d’institutions démocratiques, Monsef Derraji, dit qu’il «s’inquiète beaucoup» du fait que de mars 2023 au 2 octobre dernier, le déficit annoncé est passé de 4 milliards $ à 8 milliards $.
Le DPB aurait pour fonction d’analyser «de façon non partisane les politiques fiscales et budgétaires du gouvernement» en portant à l’attention des députés les tendances de l’économie, peut-on lire dans un projet de loi déposé en mars dernier par le député de Nelligan. Il devrait aussi évaluer l’incidence financière des dépenses et mesures proposées par les députés.
En juin dernier, le gouvernement de la Coalition avenir Québec a revu à la hausse son déficit pour l’exercice financier 2023-2024 à 7,5 milliards $.
Il s’agissait d’une révision à la hausse de 1,2 milliard $ par rapport aux chiffres avancés lors de la présentation du budget du gouvernement caquiste en mars dernier. À ce moment, le déficit était prévu à 6,3 milliards $, en progression par rapport à l’évaluation antérieure de 4 milliards $.
M. Derraji est assez confiant que son projet de loi serait adopté s’il reçoit l’attention nécessaire. «Je comprends que le gouvernement est majoritaire […] mais là à l’intérieur de ce parlement, nous sommes tous d’accord pour le directeur parlementaire du budget, même le ministre des Finances.»
Le cabinet du ministre Eric Girard a confirmé avoir «toujours démontré de l’ouverture envers l’idée d’un directeur parlement de budget si cela s’avère une priorité des parlementaires». Il rappelle tout de même que la vérificatrice générale possède déjà les pouvoirs pour vérifier et certifier l’état des finances.
Selon M. Derraji, «on ne peut pas faire confiance à un gouvernement qui a perdu le contrôle des finances publiques» avant que le budget soit analysé de manière indépendante.
«Ils se sont trompés à plusieurs reprises, pas une fois pas deux, et c’est anormal qu’un gouvernement en une seule année passe de 4 milliards $ à presque 8 milliards $ de déficits.»
Faisant une comparaison médicale, M. Derraji estime que son projet de loi permettrait de «faire passer un scan aux finances publiques […] si on n’a pas de scan on ne peut pas savoir si la métastase s’est répandue, si elle est partout, on n’a pas le portrait réel».
Il affirme que le rôle de DPB «a fait ses preuves ailleurs», entre autres à Ottawa, où le québécois Yves Giroux occupe cette fonction.
Le député libéral assure que, lorsqu’il a rencontré M. Giroux, celui-ci s’est montré enthousiaste quant au projet de loi provincial. Le DPB fédéral n’était pas disponible pour confirmer ces dires.
M. Giroux a estimé plus tôt cette semaine que le gouvernement de Justin Trudeau n’atteindra pas sa cible de déficit. Le rapport du directeur prévoit qu’il sera de 46,8 milliards $, plutôt que de 40 milliards $ tel qu’annoncé.
La fonction de DPB existe déjà au niveau provincial en Ontario.