Des démocrates affirment que les hôtels Trump ont servi à soudoyer l’ancien président
Des juges qui visaient la magistrature fédérale. De riches républicains qui espéraient devenir ambassadeurs. Des criminels qui voulaient être graciés.
Tous ces gens ont fait partie de la liste des grands dépensiers de l’hôtel de Donald Trump à Washington, D.C., lorsque celui-ci était président. Beaucoup ont obtenu ce qu’ils voulaient, selon un rapport publié vendredi par les démocrates de la commission de surveillance de la Chambre.
Le rapport de 57 pages indique que les dépenses effectuées dans l’hôtel de luxe de M. Trump par ceux qui recherchent des faveurs l’ont aidé à transformer sa présidence en une «opportunité de faire de l’argent», soulevant le spectre d’une approche «payez pour jouer» si le candidat républicain est réélu le mois prochain.
Le rapport, qui se concentre sur les dépenses des responsables américains plutôt que des gouvernements étrangers, offre peu de nouvelles révélations par rapport aux conclusions précédentes, car sa portée est limitée. Les démocrates de la commission, qui sont minoritaires, ont documenté 300 000 $US de dépenses de ce type en seulement 11 mois de présidence de M. Trump, entre 2017 et 2018.
Les dossiers examinés par la commission n’indiquaient pas toujours si l’argent était personnel ou provenait de sources fiscales. Cette distinction est nécessaire pour montrer si les paiements constituaient une violation de la clause sur les émoluments de la Constitution, qui interdit aux présidents de recevoir des paiements ou des cadeaux de représentants du gouvernement sans l’approbation du Congrès.
Parmi les exemples cités: deux anciens ambassadeurs, l’un finalement envoyé en Allemagne et l’autre en Suisse, ont dépensé des milliers de dollars à l’hôtel avant et après la confirmation de leur poste. Le collecteur de fonds de campagne Elliott Broidy y a dépensé plus de 15 000 $US avant d’être gracié par Donald Trump de son lobbyisme illégal.
«Nous devons mettre en place des barrières juridiques dès maintenant pour empêcher ce type de corruption frauduleuse auquel nos pères fondateurs se sont si fermement opposés», a pressé le représentant Jamie Raskin, membre de haut rang du comité, en appelant à une nouvelle législation pour interdire de telles dépenses.
La Trump Organization a affirmé que le rapport ne représente «rien d’autre qu’un acte de désespoir de la part des démocrates qui sont en train de perdre dans les dernières semaines».
Basé sur un ancien rapport
Dans un communiqué, le Comité de surveillance contrôlé par les républicains a estimé que le rapport ne représentait que «d’autres de déchets recyclés qui viennent de de l’enquête infructueuse et presque décennale des démocrates contre le président Trump».
Le rapport était basé sur des documents financiers publiés par l’ancien cabinet comptable de Donald Trump, Mazars, à la demande du Comité de surveillance lorsque les démocrates étaient au pouvoir. Le transfert de documents a été interrompu lorsque les républicains ont pris le pouvoir de la Chambre en 2023.
Le rapport indique que pendant ces 11 mois, au moins 16 fonctionnaires fédéraux et étatiques ont dépensé plus de 100 000 $US à l’hôtel Trump International pendant l’exercice de leur fonction. Cela soulève la possibilité qu’ils aient utilisé l’argent des contribuables.
Les ambassadeurs au Canada, en Croatie, au Danemark, en Allemagne, en Hongrie et au Royaume-Uni y ont souvent fait des dépenses lorsqu’ils étaient en mission officielle.
Lors d’une conférence en 2018 au Maryland, à 16 km de Washington, les ambassadeurs américains en Allemagne, en Suisse et au Canada ont choisi de séjourner à l’hôtel Trump, même si de nombreux hôtels plus proches du lieu de la conférence étaient disponibles.
«Gardons l’hôtel TRUMP», a écrit l’ambassadrice canadienne de l’époque, Kelly Craft, dans un courriel après qu’un assistant lui ait suggéré des hôtels plus proches. Le prix du séjour de Mme Craft était de 1395 $US par nuit, selon le rapport.
L’ancien ambassadeur en Allemagne, Richard Grenell, a séjourné 19 nuits à l’hôtel, la moitié avant d’être confirmé comme ambassadeur, dépensant près de 10 000 $US, indique le rapport.
Une porte-parole de Mme Craft a assuré que l’ancienne ambassadrice avait personnellement payé toutes les dépenses de chambre au-delà des tarifs journaliers approuvés par le gouvernement, ajoutant qu’il «n’y a absolument jamais eu de déductions directes ou indirectes de ‘payez pour jouer’ de la part du président Trump ou de quiconque lui étant associé.» M. Grenell n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.
L’administration Trump a fait valoir que les fonctionnaires du gouvernement payant pour des produits ou des services offerts par un président, comme l’utilisation d’une chambre d’hôtel, ne comptent pas comme un cadeau interdit en vertu de la clause des émoluments. La Cour suprême a refusé de se prononcer lorsque la question lui a été soumise en 2021 parce que M. Trump avait déjà quitté ses fonctions.
Le rapport indique que quatre futurs juges fédéraux ont également séjourné à l’hôtel à certaines dates clés au cours de la période de 11 mois tout en menant des efforts publics pour être nommés par le président.
En plus de M. Broidy, le rapport détaille 6000 $US de dépenses effectuées par d’autres personnes graciées par M. Trump, dont l’avocat immobilier Albert Pirro au sujet de sa condamnation pour évasion fiscale et Ken Kurson qui a plaidé coupable de cyberharcèlement.
M. Broidy et M. Pirro n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires. M. Kurson a refusé de se prononcer.
Le rapport de vendredi a également ajouté des détails à une précédente conclusion de 2022 du Comité de surveillance selon laquelle la société de l’ancien président avait fait en sorte que les services secrets paient des chambres dans ses propriétés au-delà des tarifs approuvés par le gouvernement. De telles dépenses ont eu lieu plus de 40 fois – deux fois pour des chambres à plus de 1200 $US la nuit – alors que des agents protégeaient le président et sa famille. L’entreprise de M. Trump avait précédemment affirmé que les services secrets bénéficiaient de chambres gratuitement ou pour une somme modique, «comme 50$», ou au prix coûtant.
D’autres rapports des démocrates du Comité de surveillance ont révélé que des gouvernements et des responsables étrangers de 20 pays avaient dépensé près de 8 millions $US dans les propriétés de Donald Trump, en grande partie pendant que des décisions politiques clés étaient débattues.
L’entreprise de M. Trump a investi 200 millions $US dans la rénovation de l’ancien bâtiment historique de la poste fédérale pour en faire un hôtel après avoir signé un bail avec la General Services Administration en 2012. M. Trump a vendu les droits de l’hôtel à un groupe d’investissement basé à Miami en 2022 pour 375 millions $US. L’hôtel est désormais un Waldorf Astoria.