Un 1er juillet toujours aussi alarmant en Estrie

LOGEMENTS.  Qui dit 1er juillet au Québec dit inquiétude associée à la recherche de logement pour certaines personnes. À Sherbrooke, la Ville tente par plusieurs moyens de contrer les hausses des coûts sans l’aide complète de l’Association des locataires de Sherbrooke (ALS), qui continue d’être préoccupée par la situation. 

À titre d’exemple, une grande enquête régionale de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) a dévoilé ce mois-ci que le prix d’un loyer étudiant moyen avait bondi de 18,29 % entre 2021 et 2023. De façon plus générale, lors du premier trimestre de 2024, le site Kijiji rapportait qu’un simple appartement médian pour tous types de gens valait 1218 $ en moyenne par mois, comparativement à environ 1100 $ en 2023, et 750 $ en 2022. Certes, à Montréal et à Québec, par exemple, les loyers médians sont plus chers en ce qui a trait aux condos et aux maisons.

C’est donc dans ce contexte d’augmentation des coûts assez bien connu, qui tracasse également la plupart des grandes villes au pays, que Sherbrooke doit lancer à nouveau l’Opération 1er juillet. « Avec un taux d’inoccupation de 1,3 % à Sherbrooke, un taux bien en deçà des 3 % recommandés pour observer un marché locatif avec une offre de logements suffisante, nous devons être solidaires des familles et des personnes qui se retrouvent sans toit », souligne la mairesse sherbrookoise, Évelyne Beaudin, par voie de communiqué.

Cette démarche, établie en 2023, se basera sur le Service d’aide à la recherche de logement (SARL) de l’Office municipal d’habitation de Sherbrooke (OMHS). En date du 18 juin, la Ville « estime qu’une vingtaine de ménages pourrait recourir à l’aide d’urgence ».

L’Opération 1er juillet permettra d’ailleurs « le soutien à la recherche d’un logement, l’hébergement temporaire d’urgence d’une durée maximale de deux mois, le premier déménagement et l’entreposage des biens jugés essentiels, jusqu’à concurrence de deux mois ainsi que deux repas préparés par jour et par personne ».

« En vacances »

Tout comme ses collègues, le porte-parole de l’ALS, Mario Mercier, se sent impuissant face au contexte actuel : « c’est comme si nous serons en vacances, littéralement, cette année ». Afin de figurer différemment la position de l’association, cette dernière a envoyé un communiqué en début juin dans lequel elle débutait avec « un 1er juillet sans l’Association des locataires de Sherbrooke ».

En voyant la Ville cesser ses subventions au début de l’année 2024, l’ALS observe la situation d’un peu plus loin, tout en continuant à recevoir des appels de personnes en détresse. « Nous avons commencé avec une subvention de 15 000 $ en 2002, et elle a grimpé jusqu’à 33 000 $ en 2023. Je crois que le conseil municipal n’aimait pas nos critiques », raconte M. Mercier en admettant le bon déroulement des ressources actuelles à la Ville.

À travers son communiqué, l’ALS s’exprime avec honnêteté. « Sans se croire irremplaçable, […] il aurait été nécessaire de rassurer les ménages locataires qui vivent actuellement une anxiété exponentielle de jour en jour à force de se faire refuser un logement et de voir que le 1er juillet est à nos portes sans aucune alternative temporaire d’hébergement et d’entreposage », peut-on lire.

L’association fustige la Ville, surtout sur l’instauration de nouveaux critères d’admissibilité, qui excluent un bon nombre de personnes hébergées. « En 2022, dans l’objectif pur et simple de diminuer les coûts, la Ville a instauré des critères auxquels tu devais demeurer à Sherbrooke dans l’année précédente et tu devais avoir un bail se terminant le 30 juin. On a réduit également le temps d’hébergement à deux mois, ce qui a eu pour répercussion que le nombre d’hébergés avait diminué de 40 à 20 », ajoute M. Mercier.

Malgré tout le brouhaha engendré, la Ville de Sherbrooke est bien confiante de pouvoir soutenir les ménages, notamment grâce à la Coop de Solidarité l’Autre-Toit, qui accompagnera les personnes en situation d’itinérance.