Les sports en gymnase, de grands oubliés?

HANDBALL. Le 31 mai dernier, la Ville de Sherbrooke lançait officiellement sa nouvelle Politique du sport, de l’activité et du plein air. Si plusieurs associations sportives de la région se sont réjouies de cette annonce, certaines se sont senties « oubliées ». C’est le cas chez Handball Estrie, qui dénonce le manque de considération pour les sports en gymnase.

« J’ai l’impression que notre existence, et donc les problématiques reliées, ont été totalement écartées de la réflexion », a réagi le président de Handball Estrie, Mikael Méret dans un courriel envoyé au Sherbrooke.info, une semaine après cette annonce.

Rappelons que la nouvelle politique vise à contribuer à l’adoption d’un mode de vie physiquement actif pour l’ensemble des Sherbrookois et à favoriser « le développement des infrastructures et des aménagements multifonctionnels pouvant s’adapter aux besoins en évolution de la population ».

Rencontré quelques jours avant le lancement de cette politique, M. Méret a partagé la démarche qu’il a entreprise il y a de ça deux ans et le triste constat qu’il fait de la situation. Alors que le club peine à dénicher des plages horaires et des salles pour ses activités, Mikael Méret s’inquiète pour l’avenir de son sport. « Nous n’avons joué qu’une seule partie à domicile l’an dernier. La problématique, c’est qu’il n’y a nulle part pour nous accueillir. Les écoles n’ont rien à nous proposer et priorisent leur propre clientèle, ce qui est comprenable. Nous avons besoin que la Ville se penche sérieusement sur le dossier si on souhaite se développer puisqu’en ce moment, on peut à peine survivre », commente le président du club qui regroupe deux équipes sénior (masculine et féminine), comprenant deux joueuses sur l’équipe nationale canadienne.

Même s’il admet être insistant dans son approche après avoir tenté de contacter à maintes reprises la Ville sans obtenir de « réponse satisfaisante », Mikael Méret assure comprendre la position du milieu municipal, jusqu’à un certain point. « Mon but n’est pas de blâmer les membres du conseil et les responsables en place. C’est une problématique que j’ai remarquée dès mon arrivée en 2018 et qui est présente depuis longtemps. Je sais que ça implique beaucoup de logistique et potentiellement des dépenses, mais ça doit être adressé. »

UNE IDÉE D’ENVERGURE

Si une meilleure gestion des plages horaires dans les institutions scolaires est une « solution adéquate » pour le président du club, qui propose de centraliser cette même gestion, une autre idée beaucoup plus imposante pourrait selon lui grandement aider la cause des sports en gymnase.

« Je suis le premier à me réjouir lorsque de nouveaux programmes sportifs dans les écoles voient le jour, mais c’est certain que ça empiète sur des sports comme le nôtre. C’est pourquoi je crois que ça vaut la peine d’investir dans une nouvelle infrastructure, en sachant très bien que ça engendrerait des coûts. Il faut voir ça comme un investissement et non une dépense, puisque plusieurs personnes pourraient en bénéficier, incluant les jeunes. »

Confronté sur cet enjeu, le chef de division des sports à la Ville de Sherbrooke, Nicolas Vanasse, assure être bien au fait de la situation.

« La problématique d’Handball Estrie est bien connue des services de la Ville, explique M. Vanasse. Il y a deux moyens pour arriver à y remédier : une meilleure communication avec les institutions, ou alors se doter d’une infrastructure municipale. Évidemment, cette dernière impliquerait des investissements couteux. Le handball a des enjeux particuliers par rapport aux dimension ainsi qu’au lignage et ça complique les choses pour nos partenaires institutionnels, mais il y a peut-être des voies de passage qui vont se dessiner au cours des prochains mois », laisse-t-il présager.

D’ici là, Mikael Méret et ses joueurs n’ont toujours pas d’entente pour un terrain en vue de la prochaine saison de handball. Le président confirme qu’il continuera sa démarche pour redonner vie au sport qui le passionne dans sa ville.