Le défi de la mise en scène à deux têtes
THÉÂTRE. Le travail qui se cache derrière la présentation d’une pièce de théâtre est un processus qui peut s’avérer colossal. Plusieurs éléments doivent être assemblés pour arriver à en faire une œuvre qui sera cohérente et qui offrira une expérience mémorable.
Le défi pourrait être encore plus complexe avec deux metteurs en scène pour imaginer la même pièce. C’est pourtant la proposition que fait le -Théâtre du -Double signe et celui du -Bic avec la comédie dramatique -Fanny. D’abord présentée pendant la saison estivale dans le -Bas-du-Fleuve, cette coproduction de la pièce imaginée par la dramaturge -Rébecca -Déraspe, a été un succès critique et populaire. Elle sera offerte au public sherbrookois au cours des prochaines semaines.
Hubert -Lemire, directeur artistique et metteur en scène au -Double -Signe a toujours eu respect et admiration pour sa collègue -Marie-Hélène -Gendreau nouvellement installée à la barre du -Théâtre du -Bic. Ayant eu un parcours professionnel en parallèle, ils se sont croisé à quelques occasions. Une collaboration sur un projet commun semblait donc toute naturelle.
Aimant profondément le texte de -Fanny, il a proposé à -Mme -Gendreau d’assurer sa mise scène ; -celle-ci a insisté pour le faire ensemble.
Avec autant de kilomètres entre eux, les deux acolytes ont eu à échanger, modifier et ajuster chaque aspect de la production. Une opération qui a apporté son lot de défis et de -lâcher-prise.
« -On a eu un accès privilégier, de type « téléphone rouge », tout au long du processus, explique -Hubert -Lemire, en souriant. Avant même de retourner auprès des acteurs, on se parlait pour mettre en commun nos points de vue et pour s’assurer qu’on soit au diapason. Mais quand le temps est venu à manquer, on a juste décidé de plonger avec ce qu’on avait ; quitte à se contredire. On allait trouver comment s’ajuster », se remémore M. Lemire.
« -On a une rigueur et un désir d’enflammer les équipes. En plus de vouloir nous attaquer à des partitions de théâtre dans lesquelles il y a un souffle actuel et très ancré dans le réel, on a recherché une évocation grandiose, une écriture scénique qui détonne », raconte -Marie-Hélène -Gendreau.
Féminin et masculin, ensemble
Le cœur de la pièce se situe à la rencontre entre le féminisme d’hier et celui d’aujourd’hui, où les discussions, les remises en questions et les chocs d’idées se multiplient. D’avoir un homme et une femme pour orchestrer le tout a apporté une autre dimension et une profondeur aux personnages féminins comme masculins de l’œuvre.
« -On a besoin que les gars pénètrent dans notre univers féministe et qu’ils le portent avec nous ; qu’ils soient des ambassadeurs de la cause. C’était donc important qu’on le sent à travers ce projet », ajoute la metteure en scène.
« -Les deux personnages masculins sont déjà très bien dessinés par l’autrice. Ils se font écho tout au long du récit. L’un a la fin cinquantaine ; il est très doux, très aimant, très compréhensif et solide. À l’opposé, on a un jeune homme qui incarne une forme de violence dans son langage, une intimidation ; mais on comprends rapidement que -lui-même vit une transformation. On a essayé de donner du mordant à l’homme doux, et un peu de douceur au gars rough », renchérit M. Lemire.
Tous les protagonistes de l’histoire vivront une évolution aux dires des architectes de la production.
« -Ce n’est pas nécessairement une réconciliation des générations autant qu’une inter influence à laquelle on assiste », dit le directeur du -Double -Signe. « C’est une transmission qui se fait de part et d’autre », complète la directrice du -Théâtre du -Bic.
Les spectateurs vivront donc un tourbillon d’émotions, mais seront également portés par une réflexion profonde sur l’importance d’entendre les voix d’autres générations.
Fanny, -Adaptée par -Rébecca -Déraspe, présentée au -Théâtre -Léonard-Sant-Laurent du -Séminaire de -Sherbrooke, du 9 au 26 octobre.