Les demandes d’aide alimentaire explosent en Estrie
CRISE ALIMENTAIRE. Les demandes d’aide alimentaire se multiplient au Québec. Dans leur Bilan-Faim 2023, les Banques alimentaires du Québec (BAQ) dressent un portrait alarmant de la problématique. Les organismes de l’Estrie sont particulièrement inquiets face à la situation.
Chacun de ces organismes fait face aux mêmes difficultés. La hausse du coût de la vie, particulièrement du prix du logement, des aliments et de l’essence, a créé une augmentation substantielle des demandes d’aide alimentaire. En Estrie seulement, cette augmentation s’élève à 67% par rapport à 2019.
« Notre plus grand défi, c’est de répondre à la demande croissante. En 2019, on réalisait environ 250 dépannages par semaine. Aujourd’hui, il nous arrive d’en faire plus de 500 par semaine. Ça représente près de 1200 personnes », explique le président du conseil d’administration de Moisson Estrie, Pierre Bélisle.
« On a tous les mêmes problèmes, ajoute le président du conseil d’administration de la Banque alimentaire Memphrémagog, Michel Morisset. On peine à trouver des denrées, de l’argent et du personnel pour répondre à la demande grandissante. À court et à moyen terme, ce n’est pas très encourageant. Tant qu’on ne réglera pas les problèmes à la base de cette crise, notamment l’augmentation du coût de la vie, la situation ne risque pas de s’améliorer. »
La problématique est d’autant plus présente chez les enfants, alors qu’on enregistre une augmentation de 73% des demandes depuis 2019, et de 14% entre 2022 et 2023. « On réalise qu’il y a plusieurs familles en difficultés en Estrie, précise M. Morisset. Après avoir payé le loyer, le gaz et la carte de crédit, parfois, il en reste très peu pour l’épicerie. C’est quelque chose que l’on observe de plus en plus. »
Moisson Estrie et les autres organismes régionaux n’arrivent donc pas à subvenir aux besoins de la population, et ce, même s’ils ont augmenté de 31% la quantité de denrées amassées au cours des cinq dernières années.
Les banques alimentaires font de nouveau appel au gouvernement du Québec pour répondre à la crise. Elles réclament toujours 18 millions de $ afin d’acheter davantage de nourriture. Rappelons que le gouvernement Legault avait octroyé 6 millions $ en juillet dernier pour l’achat de denrées, un montant qui a été épuisé en trois mois seulement.
Plus d’une centaine de partenaires régionaux se réuniront le 2 novembre prochain au Centre de villégiature Jouvence. Ils discuteront de stratégies pour tenter de répondre aux enjeux d’approvisionnement.
Selon Pierre Bélisle, les intervenants estriens doivent travailler en étroite collaboration s’ils espèrent éventuellement résoudre le problème.
« On doit continuer d’être créatif pour trouver de nouvelles initiatives, mais surtout, il faut unir nos forces pour faire face à la crise alimentaire », conclut-il.