1995 ou l’entrée dans l’âge adulte

CINÉMA. Transposer des pans de sa vie à l’écran semble couler de source pour Ricardo Trogi. À l’instar des films de la même série, le cinéaste aborde 1995 avec humour, tendresse et beaucoup d’autodérision.

Au premier regard, la complicité entre Ricardo Trogi et Jean-Carl Boucher est évidente. Leur collaboration des dernières années a non seulement été fructueuse professionnellement, mais aussi artistiquement.

« Je me suis aperçu dernièrement que quand j’écris la première version d’un film, c’est moi que je vois, c’est ma mère, ce sont tous les personnages authentiques. Dès qu’on a fait une première lecture et que je retourne travailler le scénario, là, c’est sa face que je vois ; je sais que c’est lui le véhicule », explique M. Trogi en faisant référence à celui qui incarne son alter ego à l’écran. Le réalisateur de la populaire série de films relatant des épisodes marquants de son parcours, est très candide sur ses choix scénaristiques pour 1995.

« Je vieillis en tant qu’auteur, et on dirait qu’en vieillissant, on va plus à l’essentiel. J’avais donc moins envie de faire des parenthèses comiques pour arriver à mes fins. Il y en a des jokes dans le film, mais j’ai pris un autre chemin. Le personnage prend de l’âge et même s’il a encore de l’imagination, il ne croit plus à ce qu’il imagine », ajoute -celui-ci.

Jean-Carl Boucher, qui est de l’aventure depuis plus de 15 ans, renchérit sur l’évolution nécessaire du récit. « D’être impliqué depuis le premier film, à chaque fois qu’il m’envoie le scénario, j’ai toujours très hâte de voir où il s’en va. J’ai trouvé à la lecture de celui-ci qu’il s’agissait d’un film en soi et non pas d’un simple épisode de sa vie. C’est une partie très singulière du parcours de Ricardo », fait remarquer l’acteur.

M. Trogi insiste d’ailleurs sur le fait que malgré un fil narratif qui se répète d’une production à l’autre, il n’essaie pas de reproduire le même film à chaque fois. Bien que l’action se déroule dans le cadre de sa participation à l’émission la Course destination monde, il rappelle que le titre est 1995.

« Je me suis beaucoup cassé la tête à déterminer ce que j’allais raconter de cette course et à quel point il fallait que j’en parle. Mais chose qui est rarement relevée par les critiques, tous les films sont faits de du point de vue du personnage, c’est un parti pris. La course est un élément d’explication, de contextualisation, si Ricardo n’est pas là, ça n’apparaît pas dans le film », précise le créateur.

Une histoire où toutes les générations se reconnaissent

Faut-il se surprendre de voir que ces films ont du succès avec plusieurs groupes d’âge ? Jean-Carl Boucher répond sans détour. « Les enjeux sont les mêmes pour tout le monde à la fin. Il y a juste les voitures, le style d’habillement ou les coupes de cheveux qui sont différents. D’ailleurs, ça apporte une facture visuelle intéressante, que les jeunes d’aujourd’hui découvrent. À part cela, ce sont les mêmes désirs, les mêmes objectifs et les mêmes déceptions. Peu importe l’âge, si on fait un voyage initiatique, que ce soit en Saskatchewan ou à l’autre bout du monde, on se souvient tous de ces sentiments. »

Il ajoute avoir beaucoup de plaisir à jouer un personnage qui est dépassé par les événements avec une équipe tissée serrée et ce, dans une ambiance décontractée. « Être sur le plateau de tournage avec Ricardo, c’est toujours le fun. Il n’y a jamais de moment où c’est lourd ; même lors des scènes d’émotion, tu sens qu’il veut détendre l’atmosphère. »

Avec une affluence plus que respectable à sa première semaine en salle, Ricardo Trogi semble, de nouveau, avoir trouvé une façon de raconter sa propre histoire, tout en restant universel.