Réaliser un rêve d’enfant après des coups dûrs

PERSÉVÉRENCE Sortir de la toxicomanie, de la prison et de la rue pour finalement réaliser un rêve d’enfant. Le parcours de -Marco Poulin, qui a couru pendant 53 heures la fin de semaine passé à l’occasion du Big Wolf’s Backyard, remportant du même coup l’épreuve, est selon lui la preuve qu’il ne faut pas abandonner, même lorsqu’on est au bout du rouleau.

Quelques jours avant son départ pour Cacouna près de Rivière-du-Loup où il souhaitait se dépasser comme jamais lors de la course Big Wolf’s Backyard, une épreuve se déroulant sur une boucle de 6,7 kilomètres que les athlètes doivent courir continuellement en moins de une heure, Marco Poulin s’est livré au Sherbrooke.info. Il a finalement gagné la compétition en complétant 53 tours pour 355 kilomètres au total.

Avant cette épreuve, M. Poulin considérait qu’il avait déjà gagné la course de la vie après avoir affronté les coups difficiles, il réalise maintenant un rêve en étant un athlète.

 » J’ai fait des mauvais choix au début de ma vie. Je suis tombé rapidement dans la consommation et je me suis très mal entouré dans ma jeunesse. J’ai souvent cherché à me faire dire que j’étais bon et ça m’a tourné vers la criminalité « , dit-il en précisant qu’il a accumulé les allers-retours dans des pénitenciers.

En 1998, il a quitté la Rive-Sud pour s’installer à Sherbrooke, mais il n’avait pas de logement. Il s’est donc retrouvé à la rue et a recouru aux services du Partage Saint-François.

La course de sa vie

M. Poulin possédait déjà le record québécois de la compétition à Cacouna après avoir bouclé 46 tours (307,6 kilomètres) pendant deux jours, réalisé en 2023. Cette année, il a surpassé son record, se qualifiant du même coup avec l’équipe canadienne pour une compétition qui se déroulera au Nouveau-Brunswick en octobre prochain, mais son rêve ultime demeure de se tailler une place aux championnats individuels en 2025, au Tennessee, qui regroupe les 80 meilleurs athlètes de cette discipline au monde.

Encore ému de sa performance, M. Poulin est fier du travail qu’il a pu faire.

 » Il faisait très très chaud, j’ai dû trouver des solutions pendant les deux journées de courses, jour et nuit. J’ai dû faire preuve de beaucoup de persévérance parce que j’ai voulu abandonner à trois reprises, mais je me suis repris « .

Son enfance n’a pas été de tout repos, il admet que ça fait partie de son histoire, bien qu’il ait des regrets.

Rédemption

Le coureur explique que son passé lui permet de très bien performer lors d’une telle course, notamment dans la recherche de motivation.

 » La souffrance, je l’ai vécu dans ma vie. Je suis capable d’aller plus loin dans l’aspect mental. Je veux démontrer que l’on peut atteindre nos rêves « , a-t-il expliqué après la course.

Ayant commencé la course à 53 ans, il précise que le sport lui a  » sauvé la vie « .

 » J’avais vraiment frappé le fond du baril. On m’a dit que j’étais diabétique. Ça m’a fait peur, j’ai voulu me reprendre en main. J’ai commencé à courir au cimetière Saint-Hubert en me disant que ça pourrait être moi. Ça a été le début de la route de la rédemption « , affirme celui qui est maintenant coordonnateur au Partage Saint-François.

Il s’accomplit désormais dans son rôle d’intervenant auprès des personnes en situation d’itinérance.

 » Je veux transmettre l’espoir aux gens. Je veux qu’ils comprennent que c’est possible. Je veux que ces gens se trouvent une passion, c’est un vrai véhicule vers le changement « , mentionne-t-il.

Malgré les épreuves du passé, M. Poulin souhaite regarder vers l’avant.

 » J’ai toujours des regrets, je sais que je suis passé à côté de belles choses, jadis je n’aurais jamais pu parler sans avoir pris deux ou trois bières, mais j’ai maintenant confiance en moi aujourd’hui « , exprime celui qui est également retourné sur les bancs d’école dans la cinquantaine à l’Université.

Il souhaite se reposer dans les prochains jours, mais il pense reprendre l’entraînement rapidement en vue du Championnat canadien en octobre à Edmundston.