Le poisson, une histoire de famille
FAMILLE. Le Marché de Poisson est bien plus qu’une entreprise, c’est une partie de l’histoire de la famille Gauvin qui a commencé en 1957. Aujourd’hui, c’est la troisième génération qui gère avec passion la poissonnerie sherbrookoise.
À l’époque où le poisson était moins cher que la viande, Jules Gauvin, un chauffeur de train qui s’arrêtait souvent à Montréal, a vu une opportunité d’affaires dans le marché du poisson. Au fil des années, il s’était développé un réseau de contacts avec des fournisseurs et la religion encourageait la population à manger « léger et d’éviter la viande les vendredis ». C’est alors que M.Gauvin a ouvert officiellement Le Marché de poisson sur la rue Galt Ouest en 1957.
Quelques années plus tard, la poissonnerie a été transférée sur la rue Laurier, dans une ancienne boucherie qui lui permettait d’avoir plus d’équipements. « C’est à ce moment-là qu’elle s’est vraiment fait connaître à Sherbrooke et que ses enfants, mon père Jacques et mon oncle Jean, se sont impliqués dans la business », raconte Martine Gauvin, maintenant copropriétaire de l’entreprise.
Le Marché a déménagé dans l’ancienne poissonnerie Boisvert, située au coin des rues Peel et Marquette, dans les années 1980, où il a toujours pignon sur rue.
Lors du décès de Jules Gauvin, Jacques et Jean ont repris les rênes de l’entreprise. « Ils ont vraiment mis les bouchées doubles. Ils ont amené beaucoup de croissance à la poissonnerie », précise Mme Gauvin.
En 2021, le Marché de poisson a ouvert une deuxième succursale plus moderne avec de plus grandes installations dans le secteur de Saint-Élie.
Monter à bord
Le frère de Martine et copropriétaire, Dominique Gauvin, a planifié son avenir en fonction de l’entreprise. Il a étudié en gestion de commerce et a ammassé de l’argent en prévision d’acheter des parts. Pour Martine, le choix n’était pas aussi clair au départ.
« J’ai longtemps dit que je ne reprendrais pas l’entreprise familiale. Je voyais ça un peu du genre « moi je ne serais pas poissonnière, je ne veux pas vendre du poisson ». Finalement, mon parcours a fait en sorte que j’ai réalisé que c’était tellement plus que ça », explique la copropriétaire, qui se sent à sa place.
« Lorsque j’étais à l’emploi pour d’autres gens, je m’impliquais comme si c’était mon entreprise. Je me suis dit que ça serait plus le fun, si je mettais ces efforts dans ma business », souligne-t-elle.
« Le bagage que j’ai acquis au sein d’entreprises familiales en croissance est celui qui m’est le plus utile. Dans une organisation du genre, cela apporte son lot d’ajustements. C’est un défi de garder la fibre familiale et de l’ajuster constamment », indique la femme d’affaires.
« Dominique et moi on se complète bien, on a chacun nos forces et nos faiblesses. Il faut s’assurer que la communication est bonne, car en famille, tu es plus à l’aise qu’une relation professionnelle « normale ». En même temps, il faut que tu sois confortable de dire les choses quand tu es dans les affaires », précise Mme Gauvin.
Un modèle de service
À l’heure actuelle, son frère, leur mère et leur cousin travaillent pour le Marché de poisson. Jusqu’à l’an dernier, son défunt père Jacques Gauvin continuait de venir donner un « bon coup de pouce ». « Il aimait encore ça venir faire les dépôts et aller à la banque pour nous autres et faire des petites choses comme ça, parce que c’était dans ses habitudes », se rappelle Martine.
« Mon père et mon oncle étaient des travaillants dans l’action. Jacques accordait toujours un bon service, c’était quelqu’un d’hyper généreux et super gentil avec les clients. Il offrait souvent des cadeaux aux clients, il faisait des dons de poisson et s’assurait qu’on soit capable de redonner nos restants. Mon père, c’est mon modèle de service à la clientèle », explique Mme Gauvin.
Est-ce que 67 ans plus tard, la famille se considère encore des passionnés du poisson ? « Oh oui ! Il y a aussi la passion pour les gens qui s’est transmise », répond Martine Gauvin sans hésitation.
Elle souligne que les repas de poissons et de fruits de mer sont rassembleurs et remplis de souvenirs de voyage pour certains. « Quand les gens viennent à la poissonnerie, ils viennent pour l’expérience et c’est ce qui nous anime beaucoup. Ça nous amène à partager nos connaissances sur nos poissons et nos fruits de mer et on aime ça », conclut Martine Gauvin.