Prendre sa vie en main et battre les probabilités

PORTRAIT. Née avec le spina bifida et une luxation congénitale des hanches à la naissance, personne n’aurait prédit que Sandie Blanchette serait autonome et qu’elle deviendrait un jour cheffe d’équipe au sein d’une grande entreprise.

Bien que consciente de ses limitations physiques, Sandie Blanchette a toujours eu une attitude de fonceuse. Elle aurait pu s’en tenir à faire du bénévolat auprès d’organismes ou faire des stages dans différents organismes, ou même rester chez elle et vivre avec les prestations du gouvernement.

Même son copain de l’époque ne la croyait pas capable d’intégrer le marché du travail. Mais c’était mal connaître cette personne déterminée à s’accomplir et donner un sens à sa vie.

« Je n’étais pas avec quelqu’un qui m’encourageait à développer mon potentiel dans ma relation précédente. Pour lui, c’était impossible que j’aille travailler. Il voyait ça comme une perte plutôt qu’un gain pour lui. J’ai fini par me tanner et j’ai voulu me sortir de cette relation », raconte-t-elle.

Les trois dernières années ont été une suite de bouleversements pour la femme de 39 ans qui a dû faire face à l’adversité plus souvent qu’à son tour. Une rupture amoureuse, un changement d’emploi et un déménagement. Ce besoin de changement était devenu impératif si elle espérait voir sa situation avancer.

« Une fois que ma décision était prise, je savais que je voulais travailler 40 heures par semaine ; je voulais une vraie job ! J’ai fait appel à Trav-Action/Emploi Québec pour faire toutes les démarches, explorer les possibilités et ils m’ont orienté dans ma recherche d’emploi », poursuit-elle.

Sandie Blanchette était à la recherche d’un poste qui conviendrait à sa condition et ses capacités physiques. L’endroit devrait évidement lui offrir une ambiance de travail propice à son bien-être et à son épanouissement. Un mois après avoir entrepris ses démarches, elle décrochait un poste qui allait changer sa trajectoire de vie.

UNE OPPORTUNITÉ QUI CHANGE LA VIE

Défi Polytech, une entreprise de sous-traitance industrielle et de distribution adaptée pour les personnes vivants avec différentes limitations fonctionnelles, était toute indiquée pour accueillir Sandie Blanchette.

Son intégration s’est fait en douceur et dans la bienveillance par un personnel attentif et dénué de préjugés. « Autant les employés que les cadres ont été super gentils et m’ont tout de suite mise à l’aise. Que tu ailles un bras en moins, un fauteuil roulant ou un handicap intellectuel, ils ne voient pas ça comme un frein. Chaque poste peut être adapté pour toi et ta condition. Ils t’envoient là où tu peux être le plus utile », observe Mme Blanchette.

Celle-ci occupe depuis plus de deux ans, le poste de cheffe d’équipe au sein d’une division faisant la manutention de produits de marque pour livraison. Elle s’assure que les cueilleurs affectés à la préparation de commandes, aient toutes les informations requises pour leur assemblage. Elle prend son rôle très au sérieux et aspire à gravir les échelons lorsque cette chance se présentera.

Plusieurs collègues sont devenus des amis et l’esprit de communauté qui règne chez Défi Polytech lui donne envie de venir travailler chaque jour. « Peu importe notre situation ou notre handicap, de pouvoir sortir de la maison et de venir travailler, pour la plupart d’entre nous c’est une grande fierté, une réussite. On se dit que même pour nous, ça se peut !  »

La cheffe d’équipe déplore d’ailleurs que nombre de personnes vivant avec un handicap soient laissées à elles-mêmes une fois leur majorité atteinte. La rupture de service et le manque de soutien, par la suite, rend difficile les perspectives d’emploi pour ces personnes au profil atypique.

FAIRE SA PLACE ET SES PROPRES PROJETS

Aujourd’hui, Sandie Blanchette ne regrette absolument pas d’avoir cru en elle-même ; son choix a transformé son existence. » C’est tellement valorisant ! Je ne vois que du positif parce que ma vie a déboulé depuis que je travaille pour la compagnie. J’ai maintenant ma propre voiture qui est adaptée ; je viens d’acheter ma maison avec mon conjoint… que j’ai rencontré ici. Ça, c’était pas dans les plans ! », précise-t-elle en riant.

Comme un projet n’attend pas l’autre et que les événements lui sourient, le jeune couple tente de concevoir un enfant. L’aventure n’est pas simple, mais les amoureux sont bien décidés à tenter leur chance.  » Ce n’est pas parce que tu es en fauteuil roulant que tu ne peux pas avoir des enfants. C’est encore très tabou aujourd’hui, mais mon amoureux et moi, on essaie. Même si j’ai 39 ans, je sais que je vais être bien suivie pour une grossesse à risque. Et puis le spina bifida n’est pas une maladie génétique, alors j’ai confiance que ça va bien se passer », dit celle qui a défendu ce droit auprès d’autres femmes vivant avec des défis similaires.

Le prochain chapitre de son histoire aura assurément sa part de rebondissements et d’imprévus, mais peu importe le résultat, cette femme pleine de ressources aura trouvé le moyen de battre les probabilités qu’on lui prédisait.