Un nouveau masque révolutionnaire pour les enquêteurs en incendie
POMPIERS. Les enquêteurs en incendie à Sherbrooke sont, depuis quelques semaines, mieux protégés grâce à la mise en place d’un nouveau protocole de protection respiratoire par le Service de protection contre les incendies de Sherbrooke (SPCIS). Ils peuvent désormais porter un nouveau masque à cartouche, offrant à la fois plus de mobilité et une meilleure protection. Il s’agit d’une avancée majeure et innovante pour les services d’incendie et de police au Québec, selon le chef de division au SPCIS, Alexandre Groleau.
Ce masque est plus léger et confortable, tout en offrant une plus grande agilité aux enquêteurs. La combinaison avec la bombonne actuelle pèse près de 30 livres, tandis que le nouvel équipement en pèse moins de deux.
» Avant l’approbation du protocole, les enquêteurs étaient soumis au même équipement que les pompiers en intervention, ce qui les obligeait à porter un appareil respiratoire contraignant, non adapté à leur travail « , explique M. Groleau. Il souligne que le travail des enquêteurs diffère de celui des pompiers en intervention, car ces derniers passent souvent plusieurs heures à l’intérieur des bâtiments, manipulant des charges et restant debout longtemps pour récolter les données nécessaires.
Alexandre Groleau indique que ce masque assure également une protection adaptée contre les risques liés à la présence de substances toxiques. Il est en phase de test depuis 2022. D’ailleurs, le SPCIS a mis le feu à une maison abandonnée pour réaliser une série de tests scientifiques, prenant des échantillons biologiques et atmosphériques afin de vérifier que le protocole respectait les normes de santé et de sécurité.
Les pompiers ayant expérimenté ce masque ont dû se conformer à une batterie de tests, tels que des prises de sang et des échantillonnages d’urine, afin de déterminer l’efficacité du dispositif.
L’idée de se munir de cette technologie a émergé en 2016, lorsque la CNESST a reconnu neuf cancers liés au métier de pompier (rein, vessie, prostate, peau, larynx, poumon, mésothéliome, myélome multiple et lymphome non hodgkinien).
Il est important de préciser que le SPCIS n’a pas inventé le masque, mais a mené des études en collaboration avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail (APSAM) et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie – Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CIUSSS de l’Estrie – CHUS), afin de faire approuver cette technologie par la CNESST.
» Le masque existait déjà, mais il n’y avait pas de données concernant les contaminants présents lors d’un incendie. L’étude scientifique a permis de collecter ces données. Bien que nous soupçonnions la présence de nombreux contaminants, il fallait expérimenter pour en être sûrs « , précise le chef de division au SPCIS.
Il indique également que plusieurs autres villes sont intéressées par cette technologie et attendent cette nouvelle avec impatience.
Les enquêteurs utilisant ce nouveau masque peuvent le faire jusqu’à deux heures après la maîtrise du feu.
» Les études ont démontré qu’entre zéro et deux heures après l’incendie, les contaminants sont trop nombreux pour être filtrés efficacement par un masque à cartouche. Dans ce cas, les enquêteurs doivent utiliser l’appareil respiratoire classique. Pendant ce temps, ils peuvent effectuer des tâches périphériques, comme prendre des témoignages et des photos, avant de rentrer dans l’immeuble « , ajoute M. Groleau.
Il est difficile d’estimer le coût exact de ce projet, qui a nécessité la présence d’une quarantaine de pompiers lors des mises en feu, mais le directeur du Service de protection contre les incendies de Sherbrooke (SPCIS), Martin Primeau, assure que l’investissement en valait vraiment la chandelle pour la sécurité des pompiers.
» L’investissement a surtout consisté en temps. Évidemment, il y a aussi le salaire des employés qui ont participé aux études, mais cela reste minime au regard des avantages que cela apporte aux équipes « , fait remarquer M. Primeau.