Sans domicile fixe, Andrew Goodsell fait campagne pour la mairie d’Halifax
HALIFAX — Avec 16 candidats en lice pour devenir maire d’Halifax, il devient difficile pour certains d’entre eux de se démarquer. Une chose distingue cependant le candidat Andrew Goodsell, en plus de lui offrir une position unique pour commenter un des enjeux centraux de la campagne: M. Goodsell vit à la dure dans une tente au sud de la ville.
L’homme de 38 ans a quitté l’est de l’Ontario pour s’installer à Halifax il y a une dizaine d’années. Ayant connu l’itinérance à différentes périodes de sa vie, M. Goodsell dit qu’il se présente aux élections qui auront lieu samedi pour offrir aux électeurs une alternative aux politiciens de carrière qui sont généralement élus.
«Je me suis dit: « Eh bien, je ne voterai pas pour les gars qui se présentent en ce moment. On a pas besoin de plus de la même chose. Ça nous prend quelque chose de différent », alors j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé l’hôtel de ville», a relaté M. Goodsell lors d’une entrevue mercredi autour d’une table de pique-nique.
Il a expliqué que le processus d’inscription comme candidat était simple: il lui suffisait de recueillir au moins cinq signatures pour sa candidature et de payer des frais de 200 $. Il s’est désigné comme son propre agent de campagne officiel et a fourni comme adresse un bureau du ministère des Services communautaires de la province.
Campagne sur le logement
Sans surprise, la plateforme électorale de M. Goodsell se concentre en grande partie sur le logement. Son engagement numéro un est de créer ce qu’il appelle des «logements publics dignes» pour s’assurer que les Haligoniens aient un endroit où ils peuvent se sentir chez eux dans une ville où le coût de la vie a grimpé en flèche et où les campements de sans-abri se multiplient.
L’un des principaux prétendants au poste de maire, l’ancien député libéral Andy Fillmore, a déclaré qu’il mettrait fin à l’expansion des campements et retirerait les tentes qui apparaissent dans les zones non désignées dans les 24 heures après son entrée en poste. M. Goodsell, qui affirme avoir reçu l’ordre de quitter les zones non désignées sans préavis, a déclaré qu’un soutien plus important devait être mis en place.
«Il est clair, lorsque vous regardez les coûts, qu’il est deux fois plus cher de garder quelqu’un sans abri que de loger cette personne», a affirmé M. Goodsell. Ses autres engagements de campagne incluent la priorité aux transports en commun abordables et l’imposition de conditions plus strictes aux promoteurs.
Il y a de nombreux symboles de la campagne Goodsell au le centre-ville d’Halifax, que ce soit une tente qu’il plante parfois près de l’ancienne bibliothèque d’Halifax, une table où on peut l’apercevoir en train de plier des origamis. On retrouve enfin son slogan «Andrew Goodsell pour maire» écrit à la craie sur les trottoirs et entouré d’un cœur. Des électeurs l’ont souvent croisé avec son berger belge noir Dusty.
La campagne de M. Goodsell comprend des rencontres hebdomadaires devant l’ancienne bibliothèque le dimanche. Il a également imprimé quelques centaines de dépliants à distribuer, mais en tant que candidat disposant d’un budget nettement plus serré – il dit vivre d’une aide au revenu qui lui fournit environ 400 $ par mois – M. Goodsell s’est beaucoup appuyé sur les médias sociaux pour diffuser son message.
Les sondages placent M. Goodsell loin derrière Andy Fillmore et les conseillers municipaux actuels Waye Mason et Pam Lovelace. Avec environ un pour cent de soutien, il reste dans la première moitié du peloton.
Redéfinir le rôle des sans-abri
Jeff Karabanow, professeur de travail social à l’Université Dalhousie, a expliqué que la candidature de M. Goodsell contribue à briser le mythe selon lequel les sans-abri ne participent pas à la société civile.
«Voici une personne qui est profondément engagée dans la politique du moment […] Ça témoigne de la diversité des personnes sans-abri de nos jours», a déclaré M. Karabanow en entrevue.
Tamara Stein, une défenseure du logement qui travaille avec les sans-abri à Halifax, a fait écho à M. Karabanow, affirmant que M. Goodsell apporte une perspective importante à la campagne.
«Personne ne sait mieux ce qui se passe que quelqu’un qui le vit, a-t-elle déclaré. Si vous vous présentez pour quelque chose et vous battez pour quelque chose en quoi vous croyez, alors votre stature ne devrait pas avoir d’importance.»
À l’approche du jour de l’élection, M. Goodsell a déclaré qu’il espère que sa campagne a pu inspirer les gens.
«Si je suis capable de me présenter et de faire cela sans aucune aide […] j’espère inspirer quelqu’un qui a plus de capacités que moi pour réellement tendre la main aux gens», a-t-il témoigné.
Il se décrit comme quelqu’un qui a simplement «deux pieds et un cœur qui bat», et qui utilise des craies sur le trottoir pour faire passer son message. «Le nombre de personnes que j’ai pu atteindre est un exemple clair que, si vous êtes prêt à faire l’effort, vous aurez les gens derrière vous.»