Réussir ses études avec la maladie

ÉDUCATION. Au retour d’un voyage à Cuba avec ses parents, Fanny Brouillette avait de vives douleurs abdominales. Alors âgée de 17 ans, la reprise des cours n’a pas été de longue durée, puisque l’intensité de ses crampes s’amplifiait chaque jour. Une visite à l’hôpital allait bouleverser son quotidien à ce jour.

C’est avec une voix très sereine que la jeune femme, maintenant dans la vingtaine, raconte comment elle a appris que sa condition médicale était plus complexe qu’anticipé.

« Nous sommes allés à l’urgence à Sainte-Justine où j’ai été hospitalisée pendant trois semaines. Après de nombreux tests pour comprendre ce qui se passait, ils m’ont dit que j’avais une mononucléose, en plus de m’apprendre que j’avais la maladie cœliaque et une colite ulcéreuse. Un beau melting pot quoi », se remémore Fanny Brouillette.

La colite ulcéreuse est une maladie inflammatoire chronique qui amène la formation de lésions dans la paroi du rectum et du côlon. Elle survient lorsque le système immunitaire produit une réponse exagérée pour défendre l’organisme contre un virus, une bactérie, ou une substance alimentaire ou environnementale à l’intérieur de la paroi intestinale.

Un diagnostique lui permettait enfin de mieux comprendre le mal qui l’affligeait depuis plusieurs années et surtout, de reprendre le contrôle sur sa santé. Avec le soutient de son entourage et du corps médical, elle pouvait aspirer à une vie à peu près normale.

« J’ai réussi à reprendre le dessus avec une médication faite d’antiinflammatoires que je dois prendre tous les soirs. Ça été assez facile de m’adapter parce que j’avais tellement eu mal et vécu de mauvaises expériences, que le soulagement de connaître le diagnostique a rendu les suivis médicaux rassurants pour moi », explique Mme Brouillette.

Plusieurs changements ont dû être apportés à son alimentation, comme l’abandon de toute source de gluten. Elle a également eu à trouver des outils qui aideraient à la gestion de son stress et son anxiété.

REPRENDRE -LE -CONTRÔLE

Ayant un dossier académique exemplaire, son institution scolaire a accepté de lui accorder son diplôme même si la maladie l’avait empêchée d’assister aux deux derniers mois de son parcours au secondaire. Son passage au Cégep l’a obligée à adopter un horaire flexible afin de faciliter ses prises de rendez-vous médicaux.

Fanny Brouillette est maintenant inscrite au doctorat en psychologie du travail à l’Université de Sherbrooke. Sa thèse portera sur l’autocompassion des employés dans leurs milieux de travail.

« C’est vraiment bénéfique pour la santé mentale et physique ; mais ça permet surtout à la personne d’être plus ouverte et bienveillante envers elle-même. C’est un concept important que j’essaie d’appliquer à tous les jours », raconte celle-ci avec un sourire. Je me suis dit que tant qu’à faire une thèse qui demande un travail de recherche aussi long et rigoureux, je vais le faire sur un sujet qui m’interpelle. »

Ses efforts ont été récompensés dernièrement avec l’octroi, par le Programme de bourses d’études MII d’AbbVie, en collaboration avec Crohn et Colite Canada, d’une bourse de 5 000 $.

Un montant bienvenu puisque la facture d’épicerie à elle seule, est beaucoup plus onéreuse pour une personne ayant la maladie cœliaque. Cela va également alléger la charge mentale qui vient avec des études doctorales.

« Je suis ambitieuse mais ça me rend aussi très exigeante envers moi-même. Alors ça fait du bien de savoir que je n’aurai pas à me préoccuper de l’aspect financier pour un bout de temps. J’apprécie vraiment de pouvoir me concentrer sur ce que j’ai à faire pour réussir mon projet d’étude », termine Fanny Brouillette.

Ce sont plus de 322 000 Canadiens qui vivent avec la maladie de Crohn ou la colite. Il est estimé que ce nombre pourrait atteindre 470 000 d’ici 2035. Cette année marque le 50e anniversaire de Crohn et Colite Canada, une organisation qui soutient les personnes touchées par ces maladies chroniques.