De plus en plus d’électricité, mais pas encore assez, dit un rapport

Le monde devrait produire amplement d’énergie d’ici la seconde moitié de la décennie, grâce à l’augmentation de la production de batteries et de panneaux solaires, mais il y aura également un excès de combustibles fossiles qui réchauffent la planète, selon un rapport publié mercredi par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

«Nous entrons maintenant à grande vitesse dans l’ère de l’électricité», a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, dans un communiqué de presse marquant la publication du rapport annuel «World Energy Outlook» (Perspectives énergétiques mondiales).

L’énergie mondiale «reposera de plus en plus sur des sources d’électricité propres», a-t-il ajouté.

Mais le rapport note également que le monde est encore loin de ce qui est nécessaire pour limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle ― la limite fixée dans l’Accord de Paris ― parce que les émissions diminueraient trop lentement. Il s’attend à ce que la demande de pétrole et de gaz atteigne son maximum à la fin de cette décennie et place le monde sur la voie d’un réchauffement de 2,4 degrés.

La Chine en particulier, qui est actuellement le plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde, mais aussi le principal fabricant de panneaux solaires et de batteries, est le moteur des tendances énergétiques mondiales, selon le rapport.

Ces dernières années, la Chine a été à l’origine de la majeure partie de la croissance de la demande de pétrole, mais les véhicules électriques représentent désormais 40 % des nouvelles ventes de voitures dans ce pays et 20 % des ventes au niveau mondial, ce qui met les principaux producteurs de pétrole et de gaz dans l’embarras.

Le rapport indique que les émissions chinoises de gaz à effet de serre pourraient atteindre leur maximum d’ici 2025, mais «compte tenu des changements en cours en Chine, nous pensons que ce chiffre est un peu pessimiste», a déclaré Bill Hare, PDG de Climate Analytics.

M. Hare a indiqué qu’«il y a toutes les chances » que les émissions de la Chine aient déjà atteint leur maximum en 2023, mais qu’il faut disposer de plus de données pour en être sûr.

La Chine compte déjà la moitié des voitures électriques en circulation dans le monde. D’ici à 2030, on prévoit que 70 % des nouvelles voitures vendues en Chine seront électriques. Avec ses ajouts massifs de nouvelles énergies éolienne et solaire, la Chine s’aligne sur son objectif de lutte contre le changement climatique.

Le rapport décrit un avenir où l’adoption des véhicules électriques continue de gagner du terrain, ce qui pourrait permettre de remplacer jusqu’à six millions de barils par jour de la demande de pétrole d’ici à 2030. Selon l’agence, sur la base des tendances et politiques actuelles et de la disponibilité des matériaux, les VE représenteront 50 % des ventes mondiales de voitures en 2030.

L’expansion des énergies propres s’accompagne toutefois d’une augmentation de la demande d’énergie, notamment de l’énergie produite par la combustion du charbon, selon l’agence basée à Paris.

«Cela signifie que même si nous avons connu une croissance record des installations et des ajouts d’énergie propre, les émissions ont continué à augmenter», a expliqué Lauri Myllyvirta, analyste principale du groupe de réflexion Centre for Research on Energy and Clean Air (Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur).

La demande d’électricité augmente encore plus vite que prévu, «sous l’effet de la consommation de l’industrie légère, de la mobilité électrique, du refroidissement, des centres de données et de l’intelligence artificielle», selon le rapport. Les contours du passage du chauffage, des véhicules et de certaines industries à l’électricité commencent à se préciser.

Au niveau mondial, l’AIE indique que l’expansion de l’énergie éolienne et solaire ainsi que l’adoption croissante des véhicules électriques garantiront un pic de la demande de charbon, de pétrole et de gaz au cours de la décennie, les émissions de carbone atteignant également leur point culminant et diminuant progressivement.

Alors que la Chine se tourne rapidement vers les batteries et les énergies renouvelables, les compagnies pétrolières constatent qu’elles peuvent vendre une plus grande partie de leurs produits à l’Inde.

L’AIE prévoit que l’Inde augmentera sa demande de pétrole de près de deux millions de barils par jour d’ici à 2035, ce qui pourrait constituer une bouée de sauvetage pour les producteurs de pétrole qui cherchent à compenser le déclin de la croissance dans d’autres régions.

Laveesh Bhandari, président du Centre for Social and Economic Progress, un groupe de réflexion basé à New Delhi, a déclaré que la croissance économique en plein essor de l’Inde signifiait qu’elle prendrait toute l’énergie qu’elle pourrait obtenir.

«La demande de VE augmentera de manière exponentielle, mais la croissance ne pourra pas couvrir toute la croissance supplémentaire de la demande de véhicules, a prévenu M. Bhandari. L’utilisation de véhicules fonctionnant aux combustibles fossiles augmentera donc pendant un certain temps avant de se stabiliser et de diminuer.»