Kristopher Letang se dit impressionné par Lane Hutson, se voit en lui
MONTRÉAL — Kristopher Letang a entendu la foule s’animer chaque fois que Lane Hutson touchait au disque lundi soir — et il a rapidement compris pourquoi.
«C’est un gars qui a beaucoup de talent en attaque, qui effectue beaucoup de feintes, a déclaré le vétéran défenseur des Penguins de Pittsburgh au sujet de la recrue du Canadien de Montréal. L’adversaire est surpris sur la patinoire et ne sait trop comment réagir.»
Le Québécois âgé de 37 ans, jadis lui-même un jeune défenseur à caractère offensif, prévient toutefois que la route est parsemée d’embûches lorsqu’on perce dans la LNH.
Hutson, qui est âgé de 20 ans, n’a pas noirci la feuille de pointage dans la défaite de 6-3 du Tricolore contre les Penguins, mais il a tout de même animé le spectacle en affichant un temps de jeu de 24:45 — le deuxième plus élevé du côté du Bleu-blanc-rouge.
L’agile patineur de cinq pieds neuf pouces et 162 livres a pratiquement généré quelque chose chaque fois qu’il touchait à la rondelle — il s’est déplacé habilement le long de la ligne bleue et a créé de nombreuses occasions de marquer pour son équipe. Il a même déjoué Sidney Crosby en fin de deuxième période, provoquant les applaudissements de la foule réunie au Centre Bell.
Hutson a cependant terminé la soirée avec un différentiel de moins-4, et il a commis un revirement déterminant sur le filet de Letang qui donnait les devants 5-3 aux Penguins avec huit minutes à écouler au cadran.
Letang — qui a remporté la coupe Stanley à trois reprises et engrangé 745 points en carrière dans la LNH — s’est déjà retrouvé dans la position de Hutson.
«Avec un joueur à caractère offensif, il va arriver certains soirs que tu te retrouves face à une équipe opportuniste comme la nôtre, et la moindre erreur que tu vas commettre va te coûter très cher», a dit Letang.
Hutson a tenté de remettre le disque dans l’enclave à partir de l’arrière de la ligne des buts des Penguins, mais l’attaquant Rickard Rakell l’a intercepté. Les visiteurs ont ensuite orchestré une contre-attaque et Letang a complété une belle manoeuvre initiée par Evgeni Malkin pour doubler leur avance.
«Tu dois être en mesure de choisir les bons moments pour effectuer ce genre de jeu, a expliqué Letang. C’est très facile de tomber dans le piège de se dire que tu dois créer quelque chose chaque fois que tu sautes sur la patinoire.
«La foule au Centre Bell s’anime chaque fois que tu touches à la rondelle, et même moi j’étais fébrile. Cependant, ce que ça crée, c’est que tu te dis: ‘Oh merde, je dois faire quelque chose’», a-t-il ajouté.
«Pour diverses raisons, il arrive que je ne fasse rien lors de certaines présences sur la patinoire — une petite passe le long de la rampe, rien de spectaculaire. Mais en fin de compte, tu termines le match à plus-2, et tu gagnes la partie», a résumé le hockeyeur de Sainte-Julie.
L’entraîneur-chef du CH Martin St-Louis a dit qu’Hutson — qui a six points en six matchs en carrière dans le circuit Bettman — apprendra à gérer les risques et même à les éviter.
«Il apprendra où se situent les limites; ça fait partie de son processus d’apprentissage, a mentionné St-Louis. Tu dois être prudent dans ta manière de diriger ce genre de joueur. Est-ce une tendance? Est-ce que c’est une occasion unique? Ce que je sais, c’est qu’il a toujours de bonnes intentions.»
Letang a admis que le processus d’apprentissage de son métier fut l’un des plus grands défis du début de son illustre carrière.
«Ma plus grosse lacune, c’était ça. (L’ancien entraîneur-chef des Penguins) Dan Bylsma n’arrêtait pas de me le rappeler, en disant: ‘J’ai peur de t’envoyer sur la patinoire parce que j’ignore qui va se présenter — le gars créatif, qui joue bien, et qui est confiant, ou l’autre, hésitant, qui est mitigé?’ Il détestait ça, parce que ça le stressait beaucoup», s’est souvenu Letang.
«Mais quel âge a (Hutson)? 20 ans? Quand j’avais 20 ans, j’étais stupide et je commettais des erreurs partout sur la patinoire», a conclu le Québécois.