Cancer du sein: la forme physique au moment du diagnostic fait toute la différence

MONTRÉAL — Les femmes qui sont en bonne forme physique au moment de leur diagnostic de cancer du sein sont moins susceptibles de rapporter une fatigue, une dépression ou un sommeil de mauvaise qualité dans les trois mois suivant l’annonce, ont constaté des chercheurs de l’Université de l’Alberta.

Les patientes qui présentaient une mauvaise forme cardiovasculaire ― telle que mesurée par la quantité maximale d’oxygène qu’un individu peut utiliser au cours d’un exercice intense ou maximal, le VO2max ― pouvaient ainsi être jusqu’à trois fois plus susceptibles de rapporter des symptômes dépressifs; jusqu’à deux fois plus susceptibles de se plaindre d’une fatigue; et jusqu’à 1,5 fois plus susceptibles d’avoir un sommeil de mauvaise qualité, en comparaison avec les patientes ayant la meilleure forme cardiovasculaire.

Cette étude, a souligné le professeur Hermann Nabi, du Centre de recherche du CHU de Québec, se distingue des précédentes qui ont démontré qu’un diagnostic de cancer du sein peut engendrer des symptômes de dépression, de la fatigue et un trouble anxieux.

«(Les auteurs) essaient de faire la distinction entre l’effet de la maladie, ou l’effet du diagnostic de la maladie, versus ce que les traitements peuvent causer, a-t-il expliqué. Et ils montrent que les gens qui ont une bonne forme physique ont un risque qui va être moins important pour ces troubles-là.»

Les chercheurs, poursuit-il, «vont un peu plus loin» et montrent que d’éventuelles interventions doivent être mises en place dès le début, plutôt que d’attendre que les patientes aient complété leur traitement pour s’attaquer à ces symptômes.

Les chercheurs albertains ont étudié 1458 participantes à la Alberta Moving Beyond Breast Cancer Cohort Study. Plus de la moitié d’entre elles, soit 51,5 %, ont fait état d’un sommeil de mauvaise qualité dans les 90 jours suivant leur diagnostic, 26,5 % d’une fatigue importante et 10,4 % d’une dépression modérée.

Ces symptômes, rappellent les auteurs de l’étude, peuvent avoir un impact négatif sur l’issue du traitement et sur le taux de survie.

Les femmes ayant la moins bonne santé cardiovasculaire étaient les plus susceptibles de ressentir les trois symptômes. Le risque le plus faible a été constaté dans le tiers ou le quart des femmes les plus en forme.

«Ces résultats suggèrent qu’une intervention physique ciblant la condition physique cardio-pulmonaire relative peut aider les patientes atteintes d’un cancer du sein à gérer efficacement les trois symptômes, en particulier les symptômes dépressifs, et à prévenir l’apparition de symptômes multiples», écrivent ainsi les chercheurs dans le Journal of Sport and Health Science.

Encore plus précisément, ajoutent-ils, ces résultats soulignent l’importance du maintien d’un poids corporel sain en tant que «stratégie essentielle» pour gérer la qualité du sommeil. Les données suggèrent également que l’endurance musculaire du haut du corps, en plus de la condition physique cardio-pulmonaire, «peut jouer un rôle crucial dans la gestion de la fatigue».

«Par conséquent, disent les auteurs, la prescription optimale d’exercices pour la gestion des symptômes chez les patientes atteintes d’un cancer du sein récemment diagnostiqué peut varier en fonction du symptôme spécifique.»

Il pourrait donc être pertinent de recommander aux femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer du sein de commencer ou de continuer à s’entraîner un peu, même si ce n’est probablement pas ce dont elles ont le plus envie à ce moment ― d’autant plus que de multiples études ont témoigné de l’efficacité de l’activité physique pour contrer la dépression, la fatigue et le sommeil de mauvaise qualité, que ces problèmes soient ou non liés à un diagnostic de cancer.

«Plus personne ne peut remettre en question aujourd’hui les bienfaits de l’activité physique, a dit le professeur Nabi. On ne peut pas être contre la vertu. Une femme qui reçoit un diagnostic de cancer du sein n’aurait rien à perdre et tout à gagner à bouger.»