Climat toxique et matières non enseignées à l’école Bedford: la FAE ne cautionne pas

MONTRÉAL — La FAE «ne cautionne pas ce qui s’est passé à l’école» Bedford, où un rapport dévoilé vendredi par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, fait état d’un climat toxique, de harcèlement, de matières scolaires non enseignées, de refus que des enfants ayant des besoins particuliers obtiennent l’aide de professionnels spécialisés, notamment.

«Le rapport, il est accablant», s’est exclamée la présidente de la Fédération autonome de l’enseignement, Mélanie Hubert, en entrevue avec La Presse Canadienne mardi.

«C’est difficile de concevoir qu’en 2024, dans nos écoles publiques, des situations comme ça puissent perdurer aussi longtemps», a-t-elle lancé.

Le «clan majoritaire», que le rapport décrit comme étant «surtout composé d’enseignants d’origine maghrébine», a fait régner un climat d’intimidation, de harcèlement, tant envers des élèves que d’autres enseignants qui s’opposaient à leurs façons de faire.

Le rapport révèle aussi qu’un certain nombre d’entre eux fréquentaient une mosquée et un centre communautaire. Et un représentant de la mosquée a rencontré la direction de l’école pour lui faire comprendre que l’école devait bien travailler avec les musulmans du quartier.

Pas à l’école tous les jours

À l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal — le syndicat qui représente les enseignants des quatre écoles visées, soit Bedford et trois autres qui seront l’objet de vérifications par le ministère pour des problématiques similaires — la présidente Catherine Beauvais-St-Pierre assure que le syndicat n’était pas au courant de tous les faits relatés dans le rapport. Elle y a appris «beaucoup, beaucoup de nouvelles informations».

«Comme syndicat, on n’a pas le pied dans les écoles tous les jours. On a 187 établissements au CSSDM (Centre de services scolaires de Montréal). (…) Alors au quotidien, s’il y a des choses qui ne vont pas bien, qui ne sont pas respectées, ce n’est pas le syndicat qui peut avoir l’oeil sur ça, puisqu’on n’est pas là au quotidien», explique Mme Beauvais-St-Pierre.

Interrogée à savoir si l’Alliance allait défendre ses membres qui pourraient être l’objet de mesures disciplinaires ou autres, elle a corrigé: «on va les représenter; je pense que cette nuance-là est importante».

«On a le devoir, on a la responsabilité, même, le cadre légal, qui nous demande de représenter chacun de nos membres. Par contre après, « défendre », c’est un autre mot. On ne va pas défendre l’indéfendable», affirme Mme Beauvais-St-Pierre

L’autonomie professionnelle

Mme Hubert, de son côté, déplore aussi le fait que le principe de l’autonomie professionnelle ait été invoqué par certains enseignants de cette école qui refusaient, par exemple, de discuter de pédagogie, de leurs méthodes d’enseignement. Le rapport indique aussi que des matières comme l’éducation à la sexualité et les sciences n’auraient pas été enseignées.

«L’autonomie professionnelle, ce n’est pas pouvoir faire ce qu’on veut, quand on veut et de ne pas avoir de comptes à rendre à personne. Au contraire, l’autonomie professionnelle s’exerce dans le respect des encadrements légaux qui sont les nôtres», comme le régime pédagogique et les programmes d’études, souligne Mme Hubert.

Elle rappelle que sa fédération a justement revendiqué que les élèves ayant des difficultés d’apprentissage ou d’adaptation obtiennent l’aide nécessaire de la part de professionnels qualifiés, comme des orthophonistes.

L’Alliance est un des syndicats affiliés à la FAE.