Une balade en forêt singulière au MBAS

EXPOSITIONS. Parfois dévastateur, souvent insensible à l’impact infligé sur la faune et la flore, le développement effréné et tous azimuts imposé à la -Nature par l’être humain est indéniable. Le Musée des Beaux-arts de Sherbrooke propose deux nouvelles expositions démontrant la beauté et la fragilité des écosystèmes dont nous dépendons tous.

Bien que des efforts de sensibilisation et de restauration soient de plus en plus en marche, les artistes visuels nous forcent à porter le regard de façon, parfois crue, parfois subtile, sur les travers et les incohérences de nos actions.

Avec cette édition de la biennale des artistes des Cantons-de-l’Est, le MBAS pousse plus loin la réflexion avec l’exposition intitulée L’écologie du paysage. Sept artistes, toutes des femmes habitant le région, explorent ce thème de façon très personnelle et distinctive. Montée sur le principe de cohabitation entre les paysages naturels et urbains, cette exposition confronte le visiteur aux répercussions des activités humaines, qui semblent parfois anodines, sur l’environnement. En voici un aperçu.

« Pour nous, ces deux expositions sont très cohérentes avec notre mission en tant que musée d’art historique avec notre collection de -beaux-arts au sens large. Mais c’est aussi important pour nous de mettre en valeur les talents des artistes d’ici. C’est un beau portrait de ce qui se fait en Estrie actuellement dans les arts visuels », explique la conservatrice et commissaire à la conception du MBAS, Frédérique Renaud.

La visite débute avec une installation de Margrethe Ulvik, artiste originaire de la Norvège, qui a tout de suite reconnu des similarités entre le paysage estrien et celui de son pays natal. Maîtrisant l’art du textile, elle a créé un archipel de petites îles composées de fibres et de textures naturelles, puisant son inspiration dans l’aspect organique et unique à chacune. À l’image de sa réalité d’immigrante, Mme Ulvik démontre l’adaptation et le besoin de bâtir des ponts pour relier les îles entre elles.

Installée à Danville, l’artiste multidisciplinaire Catherine Magnan surprend avec ses toiles de tissus surdimensionnées, illustrant des champignons en mode macro, dessinés au crayon à la mine. Le réalisme et la précision du trait sont des éléments qui frappent au premier coup d’oeil. Sa démarche se veut une exploration de la connexion des humains au vivant qui les entoure et à la capacité d’émerveillement devant la fluidité et la beauté qu’il inspire.

Produit spécialement pour cette exposition, le livre Nos horizons organiques organisés de la Magogoise Guylaine Couture, offre l’opportunité de découvrir toutes les étapes de sa création. Forme d’expression méconnue, le livre d’art intègre différents médiums tels la photo, la gravure ou le dessin. Elle rassemble les différentes sources d’inspiration composant ce projet élaboré et minutieux.

Kylie Sanford s’intéresse à la fragmentation des espaces naturels décidée par les humains, sans égard aux conséquences sur l’équilibre du territoire. L’installation que propose l’artiste peintre est composée de toiles aux dimensions distinctes, mais qui, mis ensemble, présentent une image fragmentée. La composition est très réaliste, mais chaque élément projette sa propre vérité.

Une balade pour toute la famille

Au deuxième étage du musée se trouve l’exposition Balade en forêt, conçue pour évoquer ces moments de calme et de contemplation et de ressourcement lors d’une promenade dans les bois. Les visiteurs sont accueilli par une carte du site, à la manière des parcs avec sentiers.

Munis d’un herbier artistique, ils suivront celui-ci et auront pour défi de repérer certaines espèces botaniques et naturelles représentées par les artistes dans leurs œuvres.

Tout en ayant une cohésion dans le thème et dans l’esprit, l’exposition est plus éclectique de par les époques des créations qui jalonnent l’exposition et les visions singulières des artistes exposés.

« Pour l’exposition Balade en forêt, nous avons pigé dans les collections du musée, mais encore une fois, avec des artistes locaux pour en faire une sorte de prolongation de L’écologie du paysage. On souhaitait mettre en dialogue un rapport plus historique entre les œuvres », souligne la commissaire.

Des dessins de Frederick Simpson Coburn côtoient des photos de la Sherbrookoise d’adoption Arlette Vittecoq et les toiles de Pierre-Léon Tétreault. Une succession de tableaux, de sculptures et d’installations sont agencées de manière à ce que chaque visiteur trouve ses propres repaires lors de cette promenade. Un des moments forts est la découverte des œuvres animées de Thomas Corriveau et celle, olfactive de surcroît, de la parfumeure magogoise Alexandra Bachand.

« L’art comme la nature, a ce pouvoir d’apaisement et de bien-être. À travers les interprétations des artistes, peu importe l’époque, on a l’impression de vraiment les accompagner dans leur balade en forêt. C’est une expérience très sensorielle, où le visiteur sent les choses, voit des choses et les ressent, et l’art, ça fait vivre ce type d’émotions », conclut Frédérique Renaud.

Pour en savoir plus sur les expositions : mbas.qc.ca