Apprendre le français lorsque tout est nouveau

FRANCISATION. Arrivée à Sherbrooke avec sa famille en 2019, Mariya Faizi a rapidement compris que son intégration à sa communauté d’accueil passait par l’apprentissage du français.

Avec l’insécurité d’une guerre civile faisant rage depuis des décennies et une absence totale de services pour leur fils autiste, la famille de Mariya Faizi a quitté l’Afghanistan en 2014. Mais ce n’est qu’en 2019 que tout ce beau monde a atterri en sol québécois ; la jeune femme avait alors 19 ans. L’installation à Sherbrooke a été une période de grande adaptation. Le fameux « choc culturel » a été intense pour la famille Faizi. Du fonctionnement de la société, en passant par les mœurs et bien sûr la langue d’usage ; tout ces éléments étaient nouveaux et difficiles à assimiler en même temps.

L’accès à l’éducation des enfants étant déjà difficile, ce bouleversement allait aussi causer un retard important dans leur parcours scolaire.

« J’ai dû commencer par la francisation raconte Mariya, je ne pouvais donc pas aller à l’école régulière comme les autres enfants. Ce n’est vraiment pas évident quand tu arrives et que tu ne connais personne, que tu ne parles pas la langue. Ça aussi été très difficile pour mes parents qui ne la parlaient pas non plus et qui n’avaient pas de travail ou de permis de conduire. J’étais donc en charge de ma famille en même temps que j’apprenais ».

À force de travail, de persévérance et du soutien de ses enseignants de l’école Saint-Michel, la jeune femme a rapidement appris à maîtriser sa 4e langue, mais a également développé une passion pour celle-ci. Littérature, musique, radio, séries télé, tout y passe.

« J’aime pas mal tout de la langue française. Même si c’est une langue difficile et exceptionnelle. Moi je la compare à une langue d’amour ; à chaque fois que je la parle, j’ai le goût de bien m’exprimer, de bien l’écrire et surtout de bien la communiquer », explique-t-elle.

Quatre ans plus tard, l’ardeur et la détermination avec laquelle Mme Faizi a travaillé pour intégrer le français à son quotidien ont été reconnues par un prix. Elle est l’une des 20 lauréats de la Bourses Retour réussite d’une valeur de 1 500 $ octroyée par la Fondation pour l’alphabétisation.

Bien que reconnaissante, la femme maintenant âgée de 23 ans demeure très humble.

Elle termine bientôt son dernier cours de niveau secondaire et s’apprête à s’inscrire au Cégep de Sherbrooke. « J’hésite entre Technique policière et le Droit. Dans mon pays, pour une femme c’est presqu’impossible d’être avocate et encore moins d’être policière. La justice, c’est ce qui touche le plus à mes valeurs. Moi j’aime aider les gens peu importe leurs origines », dit-elle, défiante.

Quel conseil est-ce qu’elle donnerait aux nouveaux arrivants qui doivent apprendre à s’exprimer en français ?

« Il ne faut pas lâcher même si c’est beaucoup de travail et de patience. Je sais que ce n’est pas facile, on passe tous par ce chemin, mais il faut persévérer. Il faut croire en soi et qu’on va y arriver un jour », conclut Mariya Faizi.