Quand la résilience devient notre quotidien

SOCIÉTÉ. Après avoir survécu à une tumeur cancéreuse dans sa jeune vingtaine, Roxanne Beaudet a continué sa vie comme n’importe quelle jeune femme de son âge. La dernière année lui a rappelé qu’il ne faut jamais prendre quoi que ce soit pour acquis.

Mars 2011, Roxanne Beaudet, 21 ans, passait sous le bistouri pour qu’on lui retire un astrocytome de type 3, une tumeur au cerveau ayant la grosseur d’une orange. Par la suite, et pour s’assurer de s’en débarrasser de façon définitive, son médecin lui prescrit 32 rondes de radiothérapie.

Cette épreuve derrière elle, Mme Beaudet reprend tranquillement le dessus et se refait une santé à peu près normale. Elle déniche un poste d’intervenante, prend du temps avec ses proches, puis trouve l’amour et fonde une famille.

Son médecin lui avait bien dit qu’il existait une possibilité de voir le crabe encore attaquer son cerveau. Dès 2017, une nouvelle source d’inquiétude fait surface ; des cellules cancéreuses sont de retour. Comme cela n’a pas d’effets importants sur la santé de Mme Beaudet, on choisit d’observer l’évolution de sa condition avant de faire un diagnostic.

Le retour du cancer s’est malheureusement avéré en 2022. Toujours fatiguée et ayant constamment des migraines, la jeune femme sait que quelque chose ne va pas.  » En avril, j’ai demandé à ma neurologue de passer un encéphalogramme ; elle m’a dit que je n’avais rien d’alarmant. En juin, j’ai fait mon IRM de routine et trois semaines plus tard, mon neurochirurgien m’appelait pour m’annoncer que j’avais une nouvelle tumeur au cerveau : un méningiome « . Une autre forme de cancer induit par la radiothérapie administrée 11 ans plus tôt, mais qui se développe habituellement sur une longue période de temps.

Le traitement, prévu début 2023, est le Gamma Knife ou radiochirurgie ; une intervention où un appareil délivre de façon très localisée une dose élevée de rayonnements. Mais après un nouvel IRM quelques mois plus tard, on découvre que la tumeur a doublé en superficie et qu’il faudra procéder avec une opération à crâne ouvert.

Débute alors le parcours du combattant.

Avec des symptômes de plus en plus intenses et fréquents, la patiente sent qu’il y a urgence d’agir. Ayant maintenant deux jeunes enfants et son couple vivant des moments difficiles, le quotidien devient de plus en plus lourd à gérer. Mme Beaudet tente de faire pression pour obtenir une date d’opération rapidement, mais elle se bute à une équipe médicale qui semble sceptique de voir progresser une autre tumeur dite  »atypique » si rapidement.

La détérioration de son état et le stress qu’engendre sa situation obligent la femme à arrêter de travailler. Comme elle n’a plus de revenus, qu’elle est en processus de séparation et que sa convalescence s’annonce longue, Mme Beaudet s’en remet à la générosité du public et des amis avec le lancement d’une page GoFundMe.

Déterminée, elle persiste en appelant régulièrement au bureau de son médecin, qui lui signifie que l’opération se tiendra avant les vacances de celui-ci en juillet. Mais l’intervention sera reportée à la fin du mois d’août, pour être de nouveau repoussée à quelques heures d’avis à une date indéterminée, peut-être en septembre ou même en octobre.

Exaspérée, Roxanne Beaudet prend contact avec des médias locaux pour dénoncer la lenteur du système alors que son cancer progresse à une vitesse fulgurante. Quelques jours plus tard, la secrétaire du chirurgien la contacte ; ça va se passer le 14 septembre.

Reprendre le contrôle de son quotidien

Presqu’un an a passé depuis la chirurgie et la rémission se passe plutôt bien pour la jeune maman.  » J’ai recommencé à travailler en avril dernier, j’ai mes enfants une semaine sur deux à nouveau, parce que j’étais trop fatiguée pour m’en occuper. Bon, j’ai encore du soutien à domicile de mes amis et de ma famille, mais ça va de mieux en mieux « , raconte celle qui revient de loin.

Elle est aussi suivie par une neuropsychologue qui lui a prescrit un programme d’entraînement et de nutrition pour qu’elle reprenne du tonus et de l’énergie. Comme son cerveau a subi plusieurs assauts, Mme Beaudet suit également des exercices de méditation et de respiration qui l’aident à récupérer. Garder une discipline tout en reprenant ses tâches quotidiennes est présentement son plus grand défi. Les derniers mois lui ont permis de reprendre tranquillement le contrôle de sa santé physique et émotionnelle, mais elle est bien consciente que tout cela demeure fragile.

Roxanne Beaudet a choisi d’utiliser son expérience pour le bien commun en partageant son histoire.  » C’est mon témoignage vivant. J’ai rendu mon témoignage dans des églises, dans des organismes, ou avec mon travail au Partage St-François. C’est ce qui a fait de moi qui je suis aujourd’hui « , dit-elle.

Elle ajoute chercher la beauté dans chaque moment de sa vie, particulièrement avec ses deux garçons.  » J’essaie d’être en observation quand je suis avec eux, pour vivre le moment intensément !  » conclut la survivante avec un sourire dans la voix.