Un stratagème frauduleux qui a bien failli fonctionner
JUSTICE. Utilisant des tactiques de plus en plus sophistiquées, les fraudeurs n’ont aucuns scrupules à soutirer le maximum d’argent à leurs victimes. Un couple sherbrookois, nouvellement propriétaire d’une maison, a passé tout près de l’apprendre à ses dépends.
Au début de l’été, un jeune homme s’est présenté à la porte de Maïa Pons pour lui offrir une inspection gratuite de son entre toit pour fins de prévention. N’y connaissant rien dans le domaine, et voyant l’opportunité d’économiser des frais, elle accepta la proposition, malgré l’habillement inadéquat du supposé expert pour la tâche et aucune échelle pour atteindre le toit. Le jeune homme s’est débrouillé pour procéder à une inspection visuelle et la prise de photos.
Avec toute l’assurance du monde et des termes qui semblaient très techniques, celui-ci était convaincu que des travaux urgents étaient nécessaires dans l’entre toit de la maison.
Comme Mme Pons et son conjoint n’ont pas fait inspecter la structure avant de s’en porter acquéreurs, les arguments du « représentant des ventes » semblaient crédibles. « Il est monté dans l’entre toit ; ça duré 15-20 minutes et quand il est redescendu, il m’a montré des photos que je lui ai demandées de m’envoyer par SMS. Il me montrait des taches sombres sur des poutres, des photos floues qui montraient, selon lui de la vermiculite contaminée à l’amiante », raconte la jeune femme. L’homme ajoutait que les poutres de la structure étaient en état avancé de moisissure.
Le vendeur a ensuite proposé des plages horaire pour fixer un rendez-vous afin d’entamer les travaux. Il faisait pression pour qu’elle se décide rapidement arguant qu’il y avait urgence d’agir.
Le « patron » de l’entreprise est passé plus tard avec sous le bras un cartable rempli de schémas et de photos avant-après. Son estimation sommaire pour l’intervention : 13 000 $ ; sans les taxes si la garantie était ajoutée et que le tout était payé comptant…avant le début des travaux. Il disait aussi que l’opération serait plus simple en évitant de tester l’isolation pour l’amiante.
Les deux parties ont convenu de se recontacter le lendemain matin pour signer un contrat, avant huit heures.
De simples vérifications pour éviter le pire
Maïa Pons et son conjoint ont demandé conseil auprès d’un ami qui travaille dans ce domaine. Les mises en garde quant à légitimité de l’entrepreneur ne se sont pas faites attendre.
Une simple recherche sur Internet a confirmé leurs doutes avec peu d’informations sur ladite compagnie et des évaluations exceptionnelles de « clients » en ligne.
Le couple a donc fait part à l’entrepreneur de sa décision de ne pas aller de l’avant et de commander une inspection pour l’amiante à un tier. En réaction, celui-ci a immédiatement offert ce service avant de signer le contrat. Offre à laquelle le couple n’a jamais répondu.
Ne jugeant pas les actions du vendeur comme criminelles, Mme Pons n’a pas cru bon alerter les autorités policières. Ce n’est qu’à la lecture d’un article relatant ce type de fraude qu’elle a contacté le Service de police de Sherbrooke (SPS) et la Régie de police de Memphrémagog qui faisait déjà enquête. La jeune propriétaire leur a transmis les courriels et de textos échangés avec les fraudeurs.
Quelles leçons retenir de cette expérience ? »Ne pas faire confiance aux vendeurs itinérants et que si l’offre semble vraiment intéressante, de contacter la municipalité pour vérifier s’ils ont un permis. Et surtout, de ne pas prendre de décision rapidement, » répond Maïa Pons.
Le couple a finalement fait inspecter l’entre toit de leur maison…aucun signe d’amiante, ni de moisissure dans la structure.