Le leg d’un militaire sherbrookois en Normandie
SOCIÉTÉ. Imaginez la scène; des milliers de bateaux prenant d’assaut une plage de Normandie avec soldats, artillerie et… des vélos. L’un d’entre eux était chevauché par le caporal sherbrookois Marius Aubé
Ce simple moyen de locomotion a fait partie de l’équipement déployé lors du Débarquement des Alliés, le 6 juin 1944. L’armée canadienne possédait mille de ces Airborne Folding Bicycle dans son arsenal. Facile d’entretien, de transport et surtout discret, ce vélo pliant permettait aux soldats de se déplacer rapidement et sans attirer l’attention de l’ennemi.
Appartenant au Corps d’intendance de l’Armée canadienne, le caporal Marius Aubé faisait partie du contingent assigné à l’assaut de Juno Beach.
Après quelques semaines à côtoyer la population locale, le caporal Aubé s’est lié d’amitié avec une famille du village de Banville. Apprenant qu’il allait être muté en Allemagne, il offrit sa bicyclette au benjamin, Christian Costil,14 ans.
Compléments d’histoire
En 2020, les enfants de celui-ci ayant hérité de la monture, en ont fait don, selon les souhaits de leur père, au Centre Juno Beach, situé à Courseulles-sur-Mer en Normandie.
La boucle a été complétée lors de célébrations soulignant le 80e anniversaire du Débarquement, par une délégation de Sherbrooke, avec la remise officielle, avec l’aval de sa famille, des médailles du caporal Aubé et de sa biographie à l’organisme.
Guy Marchessault, vétéran et président de la Filiale 10 de la Légion canadienne basée à Sherbrooke, a saisi l’occasion de participer à un événement historique, le 3 juin dernier. Accompagné de représentants des Fusiliers de Sherbrooke, il a remis en mains propres les artéfacts et documents à la directrice du Centre lors d’une cérémonie empreinte d’émotion.
»C’était excessivement émotif et comme on était à trois jours des célébrations, il y avait beaucoup d’effervescence. Il y a des événements dans tous les villages. Tout le monde est content de voir les visiteurs canadiens et l’accueil est vraiment chaleureux. » raconte M. Marchessault.
»C’est un devoir de mémoire important. Parce qu’avec ce qu’on voit arriver de nos jours, si on ne sait pas d’où on vient, on ne sait pas où on s’en va. Il faut que les gens connaissent l’histoire, sachent ce que ces soldats ont vécu », d’ajouter le vétéran.
La dépouille du caporal Marius Aubé se retrouve au cimetière St-Michel, dans le secteur Fleurimont, mais la trace de son passage à bicyclette dans un village du nord de la France demeurera un héritage à jamais conservé.