Santiago Rojas Puerta : un diplôme en main, il regarde vers l’avant
DIPLÔME. Quitter la violence et la corruption de la Colombie pour le Québec n’a pas été simple pour Santiago Rojas Puerta et sa famille, mais c’était un choix qui s’imposait. Ces derniers jours, il a terminé son secondaire avec un avenir radieux devant lui et un parcours qui a demandé persévérance et travail acharné.
Santiago est arrivé au Québec quelques semaines avant le début du secondaire 1. Sa famille et lui ne parlaient pas le français, mais ils avaient une base en anglais.
» Au départ, l’objectif de ma famille était de s’installer dans une province anglophone, mais nous n’avons pas pu. Au début, c’était comme une montagne ; j’ai dû apprendre rapidement la langue. J’avais besoin de communiquer, mais je ne savais pas comment le faire « , insiste-t-il en ajoutant qu’il est devenu de plus en plus à l’aise, commençant même sa deuxième année dans une classe régulière.
Son départ de Colombie était devenu une évidence selon lui, alors que ses parents, qui avaient une fondation pour aider les jeunes dans le besoin, ont commencé à recevoir des menaces de la part des cartels de la drogue.
» À un moment donné, c’était trop ; mes parents ont décidé qu’il fallait qu’on parte « , dit-il en ajoutant qu’il est un passionné de vélo de montagne et qu’il peut en faire librement au Québec sans crainte.
» J’ai commencé à faire du vélo depuis que j’ai 6 ou 7 ans, mais c’est vraiment en arrivant au Québec que j’ai pu commencer à en faire en liberté. En Colombie, tu es en danger si tu fais du vélo. Ici, je peux pratiquer ma passion en sécurité « , partage-t-il en ajoutant qu’il adore le parc du Mont-Bellevue.
L’aîné d’une famille de trois enfants est conscient que les dernières années n’ont pas été faciles, mais il a voulu se surpasser. Au cours de son parcours scolaire, il s’est découvert une grande passion : la photographie. Il se tourne d’ailleurs vers ce domaine au cégep en graphisme. Il a même remporté un prix au Festival cinéma du monde de Sherbrooke (FCMS) pour une vidéo qu’il a réalisée. Les émotions du moment et ses sentiments sont souvent la genèse de ses différents projets d’expositions artistiques.
» C’est souvent très symbolique et basé sur des thèmes très personnels. Ça me permet de sortir le meilleur de moi-même. Les personnes qui me connaissent bien vont mieux comprendre, mais les autres peuvent très bien saisir les émotions. Le petit Santiago de cinq ans n’aurait aucune idée d’où je suis rendu, mais je pense qu’il serait fier de ce que j’ai accompli. «
Un exemple pour les autres
À propos de l’évolution de Santiago, la psychoéducatrice de l’école secondaire Mitchell-Montcalm, Marjorie Larouche, qui s’occupe des classes d’accueil, a été très élogieuse.
» On reconnaît son implication. Sa capacité à créer ses racines ici à Sherbrooke. Il est arrivé, il ne connaissait pas le français, mais il s’est toujours investi. Ça prend beaucoup de persévérance pour avoir fait ce qu’il a fait « , a mentionné Mme Larouche.
Mme Larouche ajoute qu’elle considère Santiago comme un modèle pour les autres élèves.
» Il nous a beaucoup aidés. Il est venu faire des présentations dans les classes d’accueil afin de parler de la réalité et des défis auxquels il a fait face. Il a été généreux de sa personne pour rassurer les autres « , mentionne-t-elle.
L’inscription au cégep n’a pas été de tout repos en raison de son statut. Santiago a dû multiplier les appels et les démarches afin de pouvoir compléter son inscription pour les études supérieures.