S’attaquer à l’iniquité des îlots de chaleur

MUNICIPAL. Une première version préliminaire de la politique de l’arbre et du verdissement a été présentée lors de la commission de l’environnement du 16 mai dernier. Parmi les enjeux soulevés, l’iniquité de la canopée de certains quartiers est un problème sur lequel la commission aimerait se pencher à travers les travaux.

Somme toute, la situation de la canopée est relativement «élevée et bonne», alors que 42 % de celle-ci est constituée de forêt urbaine. Selon l’agent de projets en environnement à la Ville de Sherbrooke, Daniel Blouin, le bât blesse au moment de se pencher sur certains secteurs de la Ville qui se retrouvent en dessous de 30 % de l’indice de canopée, notamment au centre-ville et dans l’est de Fleurimont (voir carte). Rappelons que les objectifs de cette nouvelle politique visent à maintenir et bonifier la forêt urbaine, ainsi qu’à réduire les îlots de chaleur.

L’une des problématiques que l’on peut également relever est les îlots de chaleur bien représentés sur l’artère de la rue King, d’ouest en est.

« On veut prioriser certains secteurs, dont les plus problématiques dans le plan futur, et regarder quelles sont les stratégies possibles pour diminuer les îlots de chaleur », mentionne la présidente de la commission de l’environnement, Joanie Bellerose, qui souhaite que Sherbrooke améliore ses pratiques d’aménagement du territoire.

« On veut avoir la lunette verte lorsque l’on planifie le territoire. Si on vient densifier, quelles sont les stratégies que nous pouvons mettre en place, il faut penser à des aménagements de verdure sur les murs ou des îlots de fraîcheur », ajoute-t-elle.

DES MESURES DE PROTECTION

Selon Mme Bellerose, de nombreuses stratégies devront être utilisées pour réduire les îlots de chaleur, y compris des incitatifs pour encourager les citoyens à faire des efforts. Mme Bellerose n’exclut pas la possibilité d’une taxe ou d’un crédit sur le compte de taxe pour ceux qui font des efforts, bien que rien n’ait été décidé.

L’un des objectifs sera de miser sur l’approche 3-30-300, qui consiste à voir au minimum trois arbres de son domicile, se déplacer dans des quartiers avec 30 % de couvert arboré et vivre à moins de 300 mètres d’un espace vert.

Selon la conseillère du district d’Ascot, Geneviève La Roche, il faut bonifier la réglementation actuelle afin de permettre de mieux protéger les arbres matures dans de nouveaux développements. Elle disait « avoir hâte de voir des modifications réglementaires ».

« On pourrait s’attaquer au nombre de plantations dans les nouveaux développements, qui n’est pas suffisant. Quand on arrive avec un nouveau quartier comme le carré Belvédère, il respecte les normes, mais quand tu arrives sur le terrain, tu te rends compte que ce n’est pas beaucoup d’arbres », insiste Mme La Roche.

Mme La Roche accorde également une importance à densifier en hauteur afin de conserver plus d’espaces verts et d’arbres, en citant notamment le projet Masson qui conservera 40 % des espaces verts.

De son côté, la secrétaire de l’Association citoyenne des espaces verts de Sherbrooke (ACEVS), Lucie Desgagné, estime que la politique mise trop sur le verdissement, mais pas suffisamment sur la conservation de la forêt existante.

« Pour moi, le verdissement est une correction d’un problème, je crois qu’il faut prioriser le maintien des arbres matures et des boisés existants, qui offrent déjà des services écosystémiques à la population », maintient-elle.

Des consultations publiques auront lieu au cours du mois de juin.