Budget 2024-2025 : des déceptions à Sherbrooke
PROVINCIAL. Les réactions du budget provincial, déposé mardi après-midi (12 mars) par le gouvernement du Québec, sont nombreuses en Estrie. Quelques déceptions et certaines satisfactions sont à noter parmi les différents intervenants qui ont pris la parole.
La FCCQ et La Chambre de commerce de Sherbrooke déçus du budget
Selon la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre de commerce d’industrie de Sherbrooke (CCIS), « plusieurs mesures structurantes pour aider concrètement notre économie ont pris un recul » dans le budget. Pour une quatrième année consécutive, la FCCQ et la CCIS constatent le dépôt d’un budget déficitaire qui se chiffre à 11 G$ après versement au Fonds des générations.
« Avec des prévisions de croissances faibles de 0,6 % pour la prochaine année et 1,6 % l’année suivante, le gouvernement aurait eu avantage à aider davantage les entreprises québécoises pour stimuler la croissance économique », a affirmé Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.
« C’est d’autant plus vrai pour les PME confrontées à une période d’incertitude économique et à un contexte inflationniste. Après tout, les entreprises du Québec occupent un rôle majeur pour générer une croissance durable et développer des projets publics et privés, qui nous permettront de financer notre progrès social. Malheureusement, c’est une occasion manquée », a poursuivi Sébastien Lussier, président CCIS.
Les organisations vivent une « grande déception » après avoir constaté qu’aucune aide substantielle aux médias télés et radios n’est prévue dans le budget 2024-2025. L’automne dernier, la FCCQ et la CCIS recommandaient une intervention rapide pour élargir l’accès au crédit d’impôt sur la main-d’œuvre journalistique aux stations de télévision et de radio.
Le désappointement se poursuit du côté de la FCCQ et la CCIS, qui notent que les sommes prévues pour le transport aérien régional pour les trois prochaines années sont « bien inférieures aux montants annoncés en 2022 ». Elles saluent toutefois la reconduction du Programme aérien aux régions qui devait se terminer le 31 mars prochain.
« Récemment, il n’y a jamais eu autant d’utilisation du programme par la clientèle, mais il y a encore un potentiel incroyable d’utiliser les transports aériens pour gagner nos régions. Pour la prochaine année, avoir une enveloppe représentant un peu moins de 20 % des sommes allouées pour 2023-2024, mais est-ce que ce sera suffisant ? », se questionne Sébastien Lussier.
Évelyne Beaudin en demande plus pour la crise du logement et les infrastructures publiques
Commentant le budget provincial à chaud pendant le conseil municipal, mardi soir (12 mars), la mairesse de Sherbrooke aurait aimé voir un « coup de barre » dans l’investissement des infrastructures publiques et le logement.
Citant les deux priorités du gouvernement provincial, soit l’éducation et la santé, Mme Beaudin ne remet pas en doute ces dernières, mais elle admet toutefois que Québec aurait pu en faire davantage pour les infrastructures publiques.
« Une chose que l’on constate est que nos infrastructures publiques ont besoin d’amour. En fait, toutes les infrastructures du Québec en ont besoin. Si c’est vrai pour nos écoles et nos hôpitaux, ce l’est aussi pour nos routes, nos arénas, nos bibliothèques et nos stations d’épuration. On l’oublie souvent, mais le Québec s’est beaucoup construit dans les années 60, aujourd’hui, ces infrastructures arrivent en fin de vie », a-t-elle mentionné.
Évelyne Beaudin aurait voulu plus d’investissements dirigés vers la crise de logement et les infrastructures publiques. (Photo Sherbrooke.info – Marco Bergeron)
Sans avoir pu regarder le budget en profondeur, Mme Beaudin aurait également aimé que le gouvernement Legault donne un coup de main supplémentaire pour pallier au manque de logements partout dans la province.
« On l’oublie, mais c’est aussi un service public. Si on veut arriver à livrer les portes nécessaires pour mettre fin à la crise, il va falloir qu’on change le système. En ce moment, il engendre un grand déséquilibre. Nos moyens sont bien inférieurs à ceux du gouvernement », déplore-t-elle.
Rappelons que Sherbrooke a levé le drapeau rouge, il y a quelques semaines, sur la question des logements sociaux et abordables et demandait à Québec de procéder à des modifications à ses programmes, dont le Programme d’habitation abordable (PHAQ), qui demande aux municipalités de prendre en charge 40% de la part payée par le gouvernement. Lors de la sortie publique, Mme Beaudin mentionnait que le programme ne prend pas en considération la capacité à payer des municipalités.
Christian Bibeau s’inquiète pour la population vulnérable
Pour sa part, le directeur général de Moisson Estrie, Christian Bibeau accueille avec gratitude le montant de 40 M$ sur deux ans qui sera réparti sous forme de denrées dans les banques alimentaires de la province. Il s’inquiète cependant de ce que le budget représente pour le milieu communautaire dans les prochaines années.
« Ces denrées vont nous donner un coup de main pour répondre à la demande, mais ce n’est pas une solution à long terme, affirme-t-il. En me levant ce matin, je me suis dit que pour les prochaines années encore, Moisson Estrie et les autres organismes devront encore trouver des façons de venir en aide à une population qui requiert de plus en plus d’aide alimentaire. »
Lorsqu’il observe l’ensemble du budget annoncé par le ministre des Finances, M. Bibeau se demande si cela aidera réellement les Québécois plus vulnérables à se relever des dernières années particulièrement ardues.
« On aurait envie de voir un Québec qui se porte mieux, un Québec qui va faire en sorte que les gens qui vivent des difficultés en ce moment vont avoir des perspectives pour s’en sortir et qu’on verra une amélioration générale des conditions de vie, exprime Christian Bibeau. C’est n’est pas tout à fait ça que j’ai vu dans le budget de mardi. Je crois qu’on peut se poser des questions sur l’avenir du Québec. Qu’est-ce qui arrive si par exemple dans deux ans, on doit revivre un autre épisode qui exige des pressions sur nos services publics, mais que l’État est déjà accoté au plafond financièrement et que les cartes de crédit sont pleines? », complète-t-il.
Il entend toutefois exploiter au maximum les ressources qui lui seront fournies, afin d’aider un maximum de personne dans la région. « Chez Moisson Estrie, nous allons nous assurer qu’en Estrie tout le monde ait sa part de ces denrées, mais il faut être conscient que la demande va continuer d’augmenter dans les prochaines années. Il faut donc continuer à explorer de nouvelles pistes de solutions. »
Christian Bibeau est inquiet qu’aucune solution ne soit apportée à long terme pour répondre à la crise alimentaire.(Photo Sherbrooke.info – Jérémy Trudel)