Poupées reborn: « C’est à nous de les rendre vivants »

POUPÉES. Lucie Corriveau est l’une des premières « reborneuses » du Québec. Elle crée des poupées hyperréalistes depuis près de 15 ans, cumulant ainsi des centaines de créations.

Mme Corriveau crée de toutes pièces des bébés d’âge prématuré à des enfants de quatre ans. La Sherbrookoise a découvert l’existence de cet art dans un reportage télévisé. 

« Ma mère et moi avons toujours aimé les poupées, mais nous n’avions pas d’argent quand j’étais jeune », raconte l’artiste qui peinturait des tableaux à l’époque.

Au fil des années, elle s’est intéressée au phénomène d’un point de vue artistique.

N’ayant trouvé aucune formation au Québec, Lucie s’est envolée vers la Normandie en 2009 pour suivre un cours de six semaines.

« Il y a 14 ans, il n’y avait personne qui donnait de tels cours. L’endroit que j’ai trouvé pour avoir une formation était situé en France. Je suis donc allée en Europe », raconte cette retraitée qui a fait carrière à la SAQ pendant 35 ans.

Les bébés hyperréalistes sont  » complexes  » à concevoir. Avant d’arriver au résultat final, plusieurs mois  » d’amour  » ont été donnés. (Photo Sherbrooke.info – Marika Vachon)

Les « vraies » poupées reborn

Jusqu’à présent sa pouponnière virtuelle affiche des centaines de créations diversifiées : des garçons et des filles, des jumeaux/jumelles, de différentes couleurs de peau, tailles, expressions faciales et corporelles.

Chaque « vrai » bébé est accompagné d’un certificat d’authenticité, qui confirme que des pièces reconnues du milieu ont été utilisées pour la conception de la poupée.

Des boutiques en ligne telles que Macpherson, Irrisistables et Boundtiful font partie des rares magasins où les « reborneuses » peuvent se procurer les pièces pour composer leurs tout-petits. Pour qu’elles soient catégorisées ainsi, il faut qu’elles aient été créées par des artistes sculpteurs de renom comme Ping Lau.

Les parties du corps se vendent sous différentes formes et expressions faciales, reproduisant ainsi des enfants « réalistes » d’âge prématuré à 4 ans.

« C’est à nous de les rendre vivants. Malgré la structure similaire que les artistes se procurent, les bébés « reborn » deviennent uniques, car ils sont peinturés différemment », précise la dame originaire de Sherbrooke. 

Les « reborneuses » s’achètent  un « kit » en ligne qui comprend deux jambes, deux bras et une tête, calqués sur les proportions de vrais bébés. Ensuite elles les assemblent, les remplissent, les peinturent et les cuisent. 

Certains poupons vont même ronfler ou gazouiller, question de les faire « vivre » davantage.

Selon Mme Corriveau, le coût des poupées s’explique par le prix des matériaux utilisés et les frais d’expédition. Par exemple, juste la tête d’un bébé peut valoir jusqu’à 250 $. Ils sont conçus entièrement ou partiellement en silicone ou en vinyle. Tout dépendant du matériel utilisé, le poids variera et sa valeur bougera entre 500 $ et plusieurs milliers de dollars.

La création d’un petit peut prendre jusqu’à plusieurs mois et peut être réalisée sur mesure ou selon son inspiration. 

« On me donne souvent des photos d’un enfant ou d’un petit-enfant et je construis le bébé à partir de ça », indique l’artiste qui a conçu une dizaine de poupées depuis le début de l’année.

Les pièces pour concevoir le corps d’un bébé sont achetées dans un ensemble comprenant la tête et les membres du corps. (Photo Sherbrooke.info – Marika Vachon)

« Pour tout le monde »

« Qui achète des tableaux ? Tout le monde. C’est la même chose avec les bébés reborn, ça s’adresse à tout le monde », exprime Mme Corriveau en précisant que sa clientèle est davantage féminine.

Dans son cas, l’âge de sa clientèle s’étend de 10 à 95 ans. Elle fait quand même une certaine sélection de ses clients pour s’assurer que la poupée aura un bon usage.  

« Quand tu as mis de l’amour à temps plein pendant des mois sur un bébé, tu n’as pas envie qu’il se fasse briser », indique-t-elle.

Sa clientèle comprend plusieurs personnes âgées, des mamans dans la cinquantaine ayant eu des enfants qui sont maintenant partis de la maison ou des parents d’enfants avec des besoins spécifiques. « Ce sont tous des gens sains d’esprit. Il faut arrêter de croire le contraire », précise-t-elle en mentionnant que ces bébés amènent plusieurs bienfaits thérapeutiques notamment pour l’anxiété.

Selon Mme Corriveau, la majorité se procure une poupée pour  « combler un vide » ou pour simplement « catiner ». « Les gens auront tendance à s’occuper d’eux comme de vrais enfants. Certaines mamans retrouvent le plaisir de magasiner du linge pour leur bébé », conclut-elle.

Pour plus d’informations sur l’histoire et les poupées de Mme Corriveau, vous pouvez visiter son site internet luciecorriveau.com