Centres jeunesse: bien plus qu’une « police des enfants »
STIGMATISATION. Gabriel Paradis est un travailleur social du Centre jeunesse de l’Estrie (CJE) qui connait lui aussi son lot de préjugés liés à son secteur d’emploi.
L’incompréhension de son métier en centre jeunesse est la raison principale pour laquelle ce travail est perçu négativement.
« Les gens ont l’impression que notre métier dans un centre jeunesse consiste seulement à placer des enfants en famille d’accueil, alors que c’est beaucoup plus que ça », partage le travailleur social qui intervient auprès d’une clientèle adolescente au CJE depuis 6 ans.
« Souvent chez les parents où l’on intervient pour la première fois, ils nous perçoivent comme la police des enfants et considèrent notre présence comme une réponse à leurs mauvaises actions. Nous devons déconstruire cette image avec eux. Il faut remettre les balises en place, expliquer notre travail et ce qu’on fait dans notre quotidien », précise l’intervenant.
« Notre mandat, c’est de protéger les enfants. Mon travail consiste à accompagner les familles, donner des outils aux jeunes et à leurs parents pour s’assurer que leur sécurité et leur bon développement ne soient pas compromis. J’essaie de comprendre comment je peux les aider à développer leur plein potentiel », éclaircit-il.
Le placement en famille d’accueil « n’est pas un impératif dans tous les dossiers traités », assure M.Paradis.
« Selon le constat qu’on fait, c’est sûr que certaines situations doivent passer par le placement », précise-t-il.
L’image d’avoir « fait quelque chose de mal » qui ressort chez les enfants de la DPJ se reflète dans la perception des gens sur les démarches des travailleurs sociaux du secteur. Cette perception sociale fait en sorte que les intervenants vont parfois « prendre des détours pour parler de leur boulot ».
« Malheureusement, c’est un travail qui est à refaire constamment. Lorsqu’on rencontre quelqu’un de nouveau, on doit toujours remettre en valeur ce qu’on fait, mais on n’a pas la force pour le faire chaque fois », ajoute Gabriel Paradis.
Ce qu’on ne voit pas
Accompagner un jeune se faire couper les cheveux, aller l’encourager à son tournoi de hockey alors qu’il n’y a personne pour le supporter, ou encore être la personne de confiance lors d’une chirurgie sont des exemples d’interventions courantes qu’un travailleur social peut avoir à réaliser.
L’implication d’un intervenant peut s’avérer marquante positivement autant pour lui que pour les jeunes de la DPJ.
« Un jeune dessinait un portrait de sa famille avec sa mère, son père, sa sœur… et moi. Il me disait que j’en faisais un petit peu partie moi aussi. Quand il va penser à son enfance, il va se rappeler que j’étais dans cet univers. Ça démontre l’impact que j’ai pu avoir dans sa vie, ça m’a vraiment touché », conclut le travailleur social.