Aide d’urgence de 10 M$ : Moisson Estrie « laissé sur sa faim »

SOCIÉTÉ. Moisson Estrie et les Banques alimentaires du Québec (BAQ) disent apprécier la contribution d’urgence de 10 M$, annoncée mardi dernier par le ministre des Finances Éric Girard, mais ils craignent que celle-ci ne permettra pas de remédier à la crise alimentaire sur le long terme.

Ce montant sera distribué au travers du réseau de banques alimentaires sous forme de denrées. Selon le directeur général chez Moisson Estrie, Christian Bibeau, ce soutien du gouvernement arrive à un moment opportun, mais n’est pas suffisant. « Évidemment, on considère cette aide financière comme une excellente nouvelle, lance d’entrée de jeu M. Bibeau. Le seul problème, c’est qu’il s’agit encore d’une solution éphémère. Ces denrées nous permettront de regarnir notre inventaire, mais d’ici quelques mois, elles seront épuisées et ce sera retour à la case départ. »

Rappelons qu’en octobre dernier, les BAQ réclamaient 18 M$ au gouvernement du Québec pour répondre à la hausse des demandes alimentaires, telle qu’illustrée dans son Bilan-Faim 2023. Dans ce bilan, Moisson Estrie indiquait entre autres que les dépannages alimentaires de l’organisme avaient pratiquement doublé depuis 2019, passant de 250 à près de 500 par semaine, soit l’équivalent de 1200 personnes.

UN MARATHON

Toujours selon Christian Bibeau, les autorités gouvernementales doivent se pencher sur une solution qui permettra d’atténuer la crise sur une plus longue période de temps.

« Le gouvernement est au courant de l’ampleur du problème, insiste le directeur général. Quand on écoute le discours du ministre Éric Girard et ses perspectives en matière de développement économique, on peut facilement penser que les besoins en aide alimentaire ne sont pas sur le point de s’atténuer. Est-ce possible de développer ou, du moins, de réfléchir à une solution qui aura des effets à long terme? »

Lorsque le gouvernement avait attribué 6 M$ aux banques alimentaires en décembre 2022, ce montant avait été épuisé en l’espace de trois mois. Un scénario qui risque malheureusement de se répéter avec cette nouvelle contribution.

« Les mesures d’urgence sont l’équivalent d’une course de vitesse sur courte distance, alors que nous courons un marathon, exprime Christian Bibeau. Rendu au début du mois de mars, on risque encore d’être en train de solliciter l’aide du gouvernement, alors qu’on aimerait davantage pouvoir s’appuyer sur quelque chose de plus structurant. »